Chapitre 8 : Un visage du passé

Au son de cette voix, impérieuse et contrariée, les deux hommes tournèrent la tête en un même ensemble vers sa propriétaire. A quelques pas de là, Towa, les bras croisés, les dévisageait d'un regard indéchiffrable, alors qu'autour d'eux, des sifflements appréciateurs s'élevaient.
Alors là, il fallait lui expliquer comment la peste qu'il avait attachée au lit pouvait se trouver en cet instant précis à quelques pas de lui ! Trafalgar crut, en effet, halluciner en avisant de sa nakama. Comment était-ce possible ? Par quel coup du sort, quel tour de passe-passe, la blanche s'était-elle libérée de ses entraves ? Et tandis que les interrogations la concernant se multipliaient dans son esprit, tout comme cet étranger la connaissant, il vit le blond se précipiter en courant vers la jeune femme les bras tendus.
"Towa !!!"
C'était une exclamation de joie évidente. Nul doute possible, ces deux-la se connaissaient ! Détail somme toute banal dans une situation ordinaire, mais qui ne convenait, assurément pas à la blanche. Après tout, comment une femme ayant passé des siècles, coincée dans un bloc de glace, pouvait-elle avoir des connaissances dans le présent ?
Siegfried n'en revenait pas ! Sa douce et ravissante Towa se dressait devant lui, fière, orgueilleuse et visiblement peu encline à lui ouvrir les bras. Cependant, ce simple détail ne l'empêcha point de mener son projet à son terme et de refermer ses bras sur elle.
Loin d'esquiver, comme elle le prévoyait de prime abord, la blanche laissa le blond l'étreindre, alors que son regard émeraude croisait les prunelles cendrées de son supérieur qui de toute évidence se posait bon nombre de questions à son sujet. Lui adressant un sourire moqueur, elle rompit le contact visuel et passa une main dans les longs cheveux d'or de Siegfried tout en se hissant sur la pointe des pieds et de chuchoter :
"Pas touche à l'humain.
Nullement surpris par ces paroles, il resserra sa prise sur le corps féminin. Après tout, Towa avait toujours été ainsi, elle veillait à préserver les règles de conduites étant siennes, mais aussi la vie précieuse des plus faibles. Quoique la nature de leur relation lui restait encore incertaine. Étaient-ils amants ou Towa jouait encore les bons samaritains ? A cette pensée, Siegfried se recula, sans pour autant lâcher la jeune femme, posa une main sur sa joue et replaça une mèche derrière son oreille, avant de pivoter vers Trafalgar et de proposer tout à trac :
- Un plan à trois, ça te tente ?
A ces quelques mots, les rares clients étant encore présents recrachèrent ce qu'ils avaient en bouche, avant d'aviser le trio se donnant vraiment en spectacle et se demandant dès lors ce que le ténébreux allait répliquer.
Mais, ils ne l'entendirent jamais, puisque la jeune femme tua dans l'œuf cette situation étrange, en donnant une claque à l'arrière de la tête du blond tout en le traitant d'idiot.
- Ne dis pas de bêtises, idiot! Ce n'est encore qu'un bébé dans ce domaine.
- Oh très bien, tu veux l'exclusivité ce soir", railleur, la soulève et la jette sur son épaule avant de saluer d'un geste de la main l'assemblée et de disparaître à l'extérieur ne laissant aucune chance au toubib de les arrêter.
Médusé, Trafalgar se précipita à leur suite, mais lorsqu'il atteignit la rue, il ne vit aucune trace du couple. Ils s'étaient comme volatilisés. Plissant les yeux, ne comprenant point ce qu'il se passait, le pirate fouilla chaque recoin du village, espérant ainsi retrouver et récupérer sa nakama. Mais, très vite il dût se rendre à l'évidence, où qu'ils soient, il ne les trouverait pas. Il ne lui restait plus qu'à regagner l'auberge et patienter jusqu'au retour de la miss.
***
Ayant regagné seul l'auberge, il avisa les menottes sur le lit, intacte et fermée. Fronçant les sourcils, prenant les entraves de métal, il les fit tournoyer autour de son doigt s'interrogeant alors sur la manière dont sa nakama s'était libérée.
S'allongeant sur le lit, à même les draps, il ramena son bonnet sur son visage et chercha le sommeil le fuyant, ses pensées dérivant sans cesse vers la blanche et ce blond au corps d'Apollon. Il devait bien avoué que ce Siegfried possédait un charme certain et que de toute évidence à la manière dont il agissait avec Towa, ils étaient bien davantage que de simples amis.
Ce ne fut qu'à cet instant qu'un doute s'insinua dans son esprit. Et si elle ne revenait pas ? Oui, cette éventualité restait d'actualité. Il se rappelait encore l'instant précis où alors qu'il tombait dans le vide, elle se faisait la belle. Le pire étant qu'elle ne s'était jamais soumise à son autorité, pas plus qu'elle lui avait affirmé qu'elle resterait. Tout le contraire même ! Cette pensée, le fit grincer des dents, alors qu'il marmonnait dans le silence pesant de la pièce plongée dans les ténèbres :
"Tu as intérêt à revenir, miss, où je jure que je te retrouverai et te le ferai regretter."
***
Dans une chambre, plongée dans le noir, Towa dormait apaisée contre le corps musclé de Siegfried dont une main possessive demeurait posée sur sa taille. Soulevant lentement les paupières, elle se remémora cette nuit passionnée, durant laquelle, le blond l'avait comblée de bien des manières.
Doucement, ne souhaitant point réveiller son amant, elle glissa vers le bord du matelas lorsqu'une main ferme et possessive se referma sur son poignet, avant de la tirer en arrière. Basculant en arrière, ses cheveux se répandirent telle une corolle sur le lit alors que le blond roulait sur elle.
Son regard bleu était dur, signe que la situation lui déplaisait fortement. Enfin, ce n'était pas comme si elle lui devait quoique ce soit, et elle ne tarderait pas à le lui faire comprendre. Surtout qu'elle n'oubliait pas un détail important, une chose qu'elle ne lui pardonnerait jamais !
"Tu comptes aller le retrouver ?
- En effet.
- Pourquoi ?! Grinça Siegfried bouillonnant de colère contenue et peut-être même un peu de jalousie. Pourquoi alors qu'il ne te comble pas ? Il ignore tout de tes besoins...
Le regard s'assombrissant dangereusement, Towa le repoussa sans douceur avant de se redresser et de se vêtir. Elle n'avait aucun compte à lui rendre, ni à lui, ni à personne d'ailleurs ! Elle était libre de faire et d'agir à sa guise. Alors, oui, elle avait couché avec lui, par besoin et par envie aussi sans doute, mais de là à effacer son erreur, jamais !
- Je ne couche pas avec lui ! Quant au reste, je m'en accommode. En ce qui te concerne, je t'ai juste utilisé, ne crois pas que j'ai oublié ta trahison.
Glissant ses pieds dans ses chaussures, elle le toisa froidement avant de se diriger vers la porte, décidée à partir. Mais, alors qu'elle posait la main sur la poignée, la voix de Siegfried lui parvint encore :
- Le trou béant dans ta poitrine, là où se trouvait ton cœur, c'est son œuvre ? Je comprends mieux pourquoi tu ne peux pas revenir.
Si un regard pouvait tuer, c'était assurément celui-ci songea le blond lorsqu'il croisa les pupilles émeraude. Furieuse, elle semblait l'être, mais au fond quoi de plus normal, non ? Il venait de mettre en avant un détail important, celui qu'elle se soumettait à un faible humain par nécessité.
- C'est son œuvre, mais rien qui m'oblige à demeurer à ses côtés, contrairement à toi. Tu devrais d'ailleurs, t'empresser d'aller annoncer à ton maître tel le bon chien que tu es, que tu m'as retrouvée.
Marquant une pause, un sourire sadique se dessinant sur son ravissant visage, elle conclut :
- Et pourquoi ne pas en profiter pour lui dire que tu as couché avec moi ? Je suis certaine qu'il te récompensera.
Puis, sans attendre, avisant de son expression livide, elle sortit en prenant grand soin de claquer la porte dans son dos. Non mais, pour qui se prenait ce chien infidèle ?!
***
Le retour au sous-marin se révéla bien plus délicat qu'escompté. Ayant quitté l'auberge au petit matin et reprit leur route dans un silence de mort, tout deux ressassant, de toute évidence les derniers événements, l'atmosphère se révélait bien tendue.
Towa marchait d'un pas vif, pressée d'en finir et de se débarrasser de cet homme horripilant, alors que dans son dos, marchant d'un pas calme et assuré, le pirate la suivait. Depuis la veille, les questions ne le quittaient plus.
Son regard couleur cendre posé sur la fine silhouette élancée, il se demandait si elle ne se fatiguait jamais. Après tout, cela faisait des heures qu'elle progressait d'un pas rapide, sans jamais s'arrêter ou verser une seule goutte de sueur.
Et lorsque finalement, en début d'après-midi, après un repas des plus légers, faits de fruits, ils déboulèrent sur une plage de sable fin, il eut la stupeur de la voir courir, telle une petite fille de cinq ans vers le rivage.
Magnifique ! L'odeur saline de l'océan lui titillait les narines, alors que ses pieds s'enfonçaient dans le sable. Ôtant sans attendre, ses chaussures, ne prêtant aucune attention au regard acéré du toubib ne la lâchant pas des yeux une seule seconde, elle entra dans l'eau. Les vagues venaient caresser avec douceur ses cuisses immobiles, mouillant légèrement le bord de sa jupe. Mais, elle n'en avait cure, ce n'était jamais que de l'eau après tout.
Les yeux rivés sur l'horizon, ses longs cheveux fouettant son visage, elle suivit une mouette du regard avant de couler un regard par-dessus son épaule, cherchant son capitaine, arrogant et horripilant. Elle le repéra sans peine, appuyé et assis contre l'un des nombreux arbres, les mains derrière la tête et le visage masquer par les bords de son bonnet.
Sortant de l'eau, ramassant ses souliers, elle revint vers le chirurgien et s'installa à ses côtés tout en annonçant :
"C'est ici que le sous-marin devrait venir nous chercher, d'après ce que Bepo a dit au travers de cette chose bizarre.
- Escargophone, précisa le brun sans un regard.
Les secondes passèrent dans un silence de plomb, seulement perturbé par le bruit des vagues s'échouant sur la plage, le cri des mouettes et le bruissement du feuillage touffu des arbres. Puis, elles devinrent des minutes, longues et pesantes lorsque subitement elle lâcha d'un ton las :
- Allez-y, posez votre question. Vous en mourrez d'envie depuis hier soir. Non ? Je me demande bien ce qui vous retient, vous n'êtes pas si patient d'ordinaire.
Coulant un regard en biais vers la blanche, ne se départ issant point de sa froideur habituelle, il répliqua :
- Siegfried...
- Un idiot, un sale traître. Inutile de perdre du temps à penser à ce chien. Et oui, j'ai couché avec lui.
Puis, esquissant un sourire amusé, elle tourna la tête vers lui et reprit :
- Oh, mais je rêve. Vous le trouvez séduisant ?
Choqué par de tels propos, Law battit des paupières, non pas qu'elle avait tord, non bien au contraire, il le pensait réellement. C'était justement là le problème ! Comment pouvait-elle tomber si juste ? A croire qu'elle lisait dans ses pensées ! D'ailleurs, songea-t-il en fronçant les sourcils, c'était déjà la seconde fois que cela se produisait...
Voyant qu'il ne répliquait pas, elle se fendit d'un large sourire, et s'assit à califourchon sur les cuisses du pirate avant de lui ôter son bonnet avec assurance. Le faisant tournoyer autour de son doigt, elle fixait Trafalgar un sourire railleur aux lèvres.
- Vous avez raison, Sieg est très beau, sexy et au lit, il assure grave.
Au lit ?! Ce seul mot suffit à amener des images d'une sensualité outrageante à l'esprit du chirurgien de la mort si bien que la partie basse de son corps ne put que réagir de manière équivoque. Sentant l'érection du toubib contre son postérieur, Towa se fendit d'un large sourire moqueur avant de se lever et jeter son bonnet au capitaine.
- Une douche froide devrait suffire à calmer vos ardeurs. Mais, je me demande...Est-ce moi qui vous met dans cet état, ou le fait d'imaginer Siegfried en pleine action ?
Le ton était moqueur, un rien provoquant ce qui agaça franchement Law qui se refusait toutefois à lui répondre. Hors de question de dire à la jeune femme, que les deux étaient une réponse correcte. Il n'était qu'un homme après tout, fait de chair et de sang, et certainement pas un saint.
- Ce blond me paraît bien plus appétissant que toi", répliqua-t-il d'un ton qui se voulait délibérément indifférent.
Sans se départir de son sourire, la jeune femme lui donna le dos avant de se dévêtir totalement, se mettre à nue devant lui comme s'il s'agissait de la chose la plus naturelle du monde. Les prunelles cendrées se posèrent sur la silhouette longiligne quelque peu surpris par son attitude. Mais, lorsqu'il la vit lui couler un regard amusé par-dessus son épaule et décréter le plus naturellement du monde qu'elle allait piquer une tête, il en perdit la voix. Cette peste s'amusait à ses dépends ! Elle le provoquait ni plus ni moins ! Avait-elle seulement conscience des risques qu'elle encourait à se comporter ainsi ?
Mais, alors même que les vagues léchaient ses pieds, la jeune femme se vit téléporter, non pas à côté du chirurgien de la mort, mais sur lui. Ni plus ni moins, le beau brun n'avait rien trouvé de mieux que de la ramener contre son corps de beau gosse. L'expression se peignant sur son visage reflétait la surprise, mais aussi la contrariété. Sans doute, Law le comprit-il puisque sans attendre, il roula sur elle, la coinçant entre lui et le sable fin.
La situation la sidéra à tel point que les mots lui manquèrent, chose pourtant rarissime chez la blanche dont le rythme cardiaque demeura pourtant parfaitement calme. Et ppour quelqu'un de la trempe de Trafalgar, accoutumé à voir ses proies paniquées cela se révélait bien frustrant. Alors pourquoi ne pas jouer ? Oui, pourquoi ne pas s'amuser un peu avec elle, afin de découvrir jusqu'où il pouvait aller.
Froid, arrogant d'assurance, il joua quelques secondes avec le bas du haut de la blanche ne le quittant pas de son regard émeraude. Si elle avait peur, io l'ignorait tout comme il ignorait ce qu'elle avait en tête. Une chose demeurait pourtant évident : elle ne tremblait pas. Son cœur demeurait aussi serein qu'une mer sans vague.
Surprise, tout d'abord, par le geste de son supérieur, la blanche le dévisagea entre ces cils plissés. A quoi il jouait, alors qu'elle le savait, elle ne l'intéressait. Non, en cet instant, chaque pensée de son « capitaine »se portait vers Siegfried. Pourtant, alors ques les dactyles tatouées et glacée effleurèrent sa peau, elle tressaillit légèrement tandis qu'un sourire lubrique vint se dessiner sur le visage du pirate, satisfait.
Towa, jusque-là immobile, agrippa le pull jaune du chirurgien et le tira vers elle. Leur visage n'était plus qu'à quelques centimètres, le souffle du ténébreux caressant sa peau, mais les lèvres de ce dernier n'étaient pas au menu de jour, puisqu'elle alla murmurer à son oreille, provocante :
"Envie de jouer dans la cour des grands, Trafalgar?"
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