Chapitre 7 : De retour à la civilisation

A ces mots, il suspendit son geste et avisa la jeune femme avec intérêt. Il était temps, selon lui, de lui poser la question lui brûlant les lèvres depuis un moment déjà. Alors, ne perdant plus une seconde, et croquant à pleine dents dans un fruit exotique, il demanda entre deux bouchées pour quelles raisons, elle était restée. Voyant son air surpris, il précisa :
"Je ne suis pas dupe, miss. J'ai bien vu que tu t'apprêtais à nous fausser compagnie à ce moment-là. Mais, tu as oublié que j'avais encore ton cœur en ma possession.
- Simple détail.
- Alors pourquoi ?
Pourquoi ?! C'était une bonne question à vrai dire. Soupirant, elle attrapa une grappe de raisin ou tout du moins quelque chose y ressemblant et jouant avec les grains, les faisant rouler entre la pulpe de ses doigts, pensive, elle avoua d'un ton neutre et indifférent :
- Prends cela comme remerciement pour m'avoir sortie de ce cube de glace. Nous sommes quittes à présent."
Quitte ? Vraiment ?! Oh que non, il en doutait et se rappelant alors un fait indéniable qu'il se plairait à lui rappeler et même à user contre elle, il se fendit d'un large sourire. Cette femme ne perdait rien pour attendre, oh que non, il allait lui rappeler qui il était et sans tarder.
Towa acheva rapidement le fruit qu'elle avait entamé et déplia sa fine silhouette avant de s'étirer langoureusement sous le regard acéré de Law, qui l'imita. Après un bref silence, Towa se détournant donna le signal de départ. N'appréciant point de se voir ainsi commandé par cette femme, sa nakama de surcroît, il perdit patience.
Vivement, se téléportant d'un Shambles dans le dos de la blanche, il la poussa sans douceur aucune contre le tronc d'un arbre. Appuyant d'une main tatouée sur la tête de la jeune femme, il lui arracha une plainte de surprise et de douleur mêlée.
"Oh, vous êtes du genre brutal, Trafalgar ? Railla Towa sans chercher pour autant à se dégager pour autant.
Déterminé et ne relevant point le dernier commentaire de la blanche, le pirate glissa une main sur la taille de la jeune femme, tandis que de l'autre, ayant quitté sa caboche, il avait emprisonné ses poignets, la réduisant ainsi à sa merci. Se délectant du spectacle qu'elle lui offrait, il esquissa un sourire en coin dont il avait le secret et se pencha sur l'oreille de sa captive où il murmura qu'ils étaient loin d'être quittes, lui rappelant alors l'audace dont elle avait fait preuve.
- Tu m'as embrassé, miss, et cela sans ma permission.
Embrassé ?! Émettant un hoquet de surprise et contrarié, elle ouvrit la bouche prête à protester lorsque sentant les doigts froids et masculin se glisser sous son haut, effleurant sa peau, elle se raidit. A quoi, il jouait cet idiot ?! Elle pouvait se dégager à tout instant, et lui faire regretter son attitude à son encontre, mais elle devinait qu'il était bien trop tôt pour lui révéler ses aptitudes. Non, le moment était bien mal choisi... Et puis, ce n'était pas comme s'il cherchait à lui nuire non plus.
- Je... je ne vous ai pas embrassé ! C'était du bouche-à-bouche ! Vous savez cette chose dont vous dispensez des cours à vos heures perdues. Hé oui, ça m'arrive aussi de vous écouter. Sans compter, très cher, Trafalgar, fit-elle en collant son postérieur contre le bassin du ténébreux, que si je vous avais réellement embrassée, vous en serez encore tout retourné.
Quelle arrogance ! Pensa-t-il sans la lâcher, mais veillant néanmoins à écarter la partie basse de leurs corps. Pourtant, elle n'avait pas tord, et il le savait parfaitement. Elle ne l'avait pas à proprement gratifier d'un baiser, cependant, il n'escomptait pas reculer et lui donner raison. Se fendant d'un sourire moqueur, il remonta le haut sur le dos d'une Towa fulminante et se débattant tant bien que mal. Approchant alors sa bouche de son oreille, tandis que ses doigts s'attardaient sur son épaule, il murmura :
- Tu me les as tout de même volées, miss.
Volées ?! Il y allait un peu fort tout de même, pensa-t-elle tandis que de ses dactyles, il effleurait le grain satiné de sa peau. Scrutant alors le dos de la jeune femme, il plissa les yeux avant de la libérer. Il avait la réponse à sa question. Mais, à peine se retrouva-t-elle libre de toute entrave, que faisant volte-face, elle brandit sa main avant de l'abattre sur sa joue. Néanmoins, cette dernière n'atteignit jamais sa cible puisque, refermant ses doigts sur elle, il la serra à l'en broyer, la faisant grimacer de douleur, le regard plus noir que jamais.
- Ne lève jamais ta main sur ton capitaine, miss. Mais... je dois dire que c'est assez intéressant... tu as cicatrisé en l'espace de quelques heures.
Interdite, elle le dévisageait, les yeux ronds et la bouche en cœur. Se détournant, il expliqua ce qu'il en était afin qu'elle comprenne bien. Profitant du fait qu'elle dormait nue, ou presque, contre lui, le réchauffant, il avait eu tout le loisir de l'observer et de voir qu'une blessure marquait la peau de son dos. Blessure, qui, de toute évidence ne s'y trouvait plus.
- Régénération cellulaire des tissus... Intéressant... Ce qui m'amène à te demander ce que tu me caches encore..."
Oh oui, il en était certain, elle avait encore des secrets, qu'il saurait lui arracher tôt ou tard. Et même si au début, il aurait pu croire qu'il s'agissait là d'une aptitude d'un fruit du démon, le fait qu'elle ait pu nager et les sauver touts deux de la noyade attestait du contraire.
Le regard incendiaire, la miss lui donna le dos avant de partir d'un pas vif. En cet instant, peu lui importait qu'il la suive ou non. Il l'avait énervée, fourrait son nez dans ses affaires et tentait de la percer à jour. Ne pouvait-il pas lui foutre la paix, tout simplement et se contenter du peu qu'elle avait à lui offrir ?!
***
Bien plus tard, alors que le soleil déclinait à l'horizon, les jambes en coton, ils atteignirent un petit village perdu au creux d'une vallée. A leur arrivée, les habitant les dévisagèrent intrigués et inquiets. Après tout, même dans un endroit aussi reculé que celui-ci, les journaux étaient lus. Et donc, même si la blanche demeurait un visage inconnu, celui de Trafalgar Law était devenu incontournable.
Avisant des diverses petites échoppes, cherchant non pas un bar, mais une auberge ou passer la nuit, ils traversèrent l'avenue principale, jusqu'à ce qu'une petite pancarte suspendue au-dessus d'un établissement sans grande prétention attira l'attention des deux voyageurs.
Sans attendre, Towa en poussa la porte alors que Law demeurait à l'extérieur, les yeux rivés sur le morceau de bois se balançant calmement au gré du vent. Plissant les yeux, il regarda autour de lui, quelque peu inquiet, conscient d'avoir été suivi. Towa, tout comme lui, avait-elle repéré leurs poursuivants ? Et puis, qui étaient-ils pour prendre de tels risques ?
En tout cas, cet endroit ne lui disait rien qui vaille et ce fut avec ce sentiment étrange lui nouant le ventre qu'il rejoignit la jeune femme au comptoir de l'établissement où il vit le propriétaire lui remettre deux clés. Deux ?! Oh que non ! Hors de question ! Il ne la lâcherait pas d'une semelle, quoiqu'elle en dise, et cela même s'il devait l'attacher au lit !
Suivant les consignes de l'aubergiste, ils gravirent les marches grinçant à chacun de leur pas avant de s'immobiliser devant la première porte. Là, pivotant vers le ténébreux, Towa lui lança l'une des clés qu'il attrapa en plein vol. La suivant de ses prunelles argentées, un sourire fin se dessinant sur ses lèvres masculines, il invoqua sa room avant de ramener sa nakama à ses côtés.
"Tu fous quoi ? Grogna-t-elle en lui faisant face.
Mais loin de lui répondre, il lui agrippa le poignet avant de la tirer à sa suite, à l'intérieur de la chambre dont il claqua la porte. Contrariée, elle se débattit avec force, cherchant à se dégager, lorsqu'agacé par ses vains efforts, il la poussa contre le mur à sa droite avant de poser sa main libre, celle ne tenant pas son nodachi, à côté de la tête de la blanche.
Le sang bouillonnant dans ses veines, à bout de patience avec cet énergumène, elle le repoussa de ses deux mains, le faisant reculer, avant de pivoter vers lui, les bras croisés sur la poitrine.
- Qu'est-ce qui te prend encore ?
Ce qui lui prenait ?! Sérieusement, elle osait formuler la question ?! Posant calmement son nodachi contre le mur de la chambre, il marcha vers la blanche, immobile au milieu de la pièce. Les yeux rivés sur le corps féminin, il s'approcha encore et encore, jusqu'à ce que la demoiselle ne commence à reculer jusqu'à buter contre le bord du lit.
Déséquilibrée, elle s'assit bien malgré elle sur le bord du matelas, s'affaissant sous son poids, tandis que Trafalgar, souriant attrapait son menton entre deux de ses doigts, la contraignant à lever les yeux sur sa personne.
Oh, elle ne chercha guère à lutter, à lui résister. Curieusement, pour la toute première fois, elle se soumettait à son bon vouloir. Est-ce qu'il devait voir en cela une reddition ? Espérait-elle qu'il l'embrasse ? A cette pensée, un froncement de sourcils vint ternir l'expression du chirurgien. Non, cela ne lui ressemblait pas du tout... Elle n'avait jamais démontré un quelconque intérêt pour sa personne, bien au contraire, elle s'entêtait à garder ses distances. Mais, curieusement, en cet instant, il avait bien envie de jouer.
Or, alors même que cette idée se faisait du chemin dans le labyrinthe qu'était son cerveau, Towa repoussa d'un mouvement du bras, la main la retenant alors qu'elle assenait avec colère :
- N'y pense même pas ! Il gèlera en enfer, le jour où je t'autoriserai à m'embrasser.
- Qui te dis que c'est ce que j'allais faire ?
Plissant les yeux, Towa le scruta pendant plusieurs secondes avant de s'allonger et de répliquer avec lassitude :
- Cette lueur avide et perverse que tu as au fond des yeux quand tu vois un beau cul que tu veux te taper."
Analyse correcte, pensa Trafalgar en se débarrassant de son bonnet. Or loin de la rejoindre dans le lit, il gagna la fenêtre et jeta un rapide coup d'œil à l'extérieur. Les hommes qui les poursuivaient devaient assurément se tapirent quelque part et attendre le bon moment pour les attaquer. Néanmoins, pensa-t-il en reportant son attention sur la jeune femme, visiblement déjà endormie, ils en avaient après lui.
Deux heures plus tard, ne parvenant toujours pas à fermer l'œil, il quitta sa position près de la fenêtre et marcha jusqu'au lit où la blanche, pour sa part, dormait à poings fermés. La regardant dormir quelques instants, un sourire sadique étira ses fines lèvres tandis qu'une idée germait dans son esprit. Idée qu'il s'empressa de mettre en application avant de quitter la chambre sans un bruit.
Quittant alors le confort de l'auberge, Trafalgar se rendit dans un bar qu'il avait repéré un peu plus tôt en arrivant. Cela faisait près d'une bonne demi-heure qu'il était assis au comptoir lorsqu'un homme pénétra à son tour. Intrigué, et toujours sur ses gardes le chirurgien de la mort avisa le nouveau venu dans le reflet du miroir derrière le bar.
Plissant les yeux, il nota sans peine la tenue de ce dernier, pour le moins étrange pour un villageois de la région. En effet, l'étranger, un grand blond aux cheveux longs, arborait un pantalon noir et une chemise blanche. A son port altier, il émanait de sa personne une certaine prestance que seules les personnes d'une certaine classe sociale avaient. Ce qui amena le toubib à conclure que cet homme, un voyageur, sans doute, n'était pas ici par hasard. Et lorsque par un curieux hasard leurs prunelles s'accrochèrent dans le reflet du miroir, cela en fut confirmé.
Soupirant, abaissant les yeux sur son verre qu'il fit tourner lentement entre ses longs doigts tatoués, faisant tinter les glaçons contre la paroi du verre, il coula un regard discret vers son nodachi.
Silencieux, l'inconnu s'installa à sa droite et commanda un verre de bière qu'il commença à descendre avant de reposer brutalement sa chope attirant ainsi les regards sur sa personne. Enfin, sauf celui de Trafalgar dont les sens aux aguets, lui commandaient certes de demeurer prudent, mais surtout de l'ignorer. Ce qu'il fit malgré l'irrépressible envie de le regarder.
Et sans doute, l'aurait-il fait si tout à coup, ce blond ne s'était pas brusquement penché vers lui tout en le reniflant. Surpris, le ténébreux l'était, mais se forçant à une expression neutre, il lui coula un regard en coin sans pour autant émettre le moindre commentaire. Ce fut à cet instant qu'il rencontra les prunelles claires du blond dont le sourire s'élargit davantage.
"Tu empestes son odeur. Elle est partout autour de toi, sur toi...
Fronçant les sourcils, se demandant de quoi cet inconnu lui parlait, Law ne releva pas. D'ailleurs, quelle étrange entrée en matière ! Était-ce là une nouvelle manière de draguer ? Non, il en doutait fortement. Cet homme cherchait tout autre chose...
Gardant une fois de plus les lèvres closes, Law vida son verre et s'apprêtait à se lever après avoir déposé quelques berrys subtilisés plutôt au moyen de son pouvoir à un passant, lorsque d'une main ferme sur son épaule, le blond le força à demeurer assis.
- Comment va Towa ?
- Je ne vois pas de qui tu parles, répliqua Law dans un froncement des sourcils, se demandant dès lors comment ce type pouvait connaître une femme qu'il avait libéré de la glace quelques semaines auparavant.
- Tu ne vois pas ? Pourtant, son odeur est partout sur toi. A moins que... Oui, tu te l'es faite. Un beau morceau, je l'avoue, mais trop bien pour un type co...
- Laisse-le tranquille, Siegfried !"
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