Chapitre 6 :
Shachi à côté de lui hocha la tête, émerveillé par la peinture naturelle qui s'offrait à ses yeux.
"Ça donne envie de s'y installer... Imagine un peu les festins qu'on pourrait y faire !"
Leurs camarades acquiesçaient, exprimant des désirs parfaitement humains d'explorer et de prendre un moment pour s'émerveiller devant les cadeaux que la nature leur offrait, loin des batailles et des quêtes de trésors.
Bepo, lui, appréciait la fraîcheur qui chatouillait ses sens et qui lui rappelait d'une certaine manière sa propre île lointaine.
En retrait, Law observait ses équipiers, un sourire mi-amusé mi-satisfait sur ses lèvres. Son regard s'aventura au-delà du groupe pour se poser sur Towa. Il laissa son instinct le guider, ressentant presque l'effervescence de ses pensées, lui qui était habitué aux dessous cachés. C'était comme si la proximité de la terre lui rappelait sa propre détention dans la glace, les chaînes maintenant invisibles qui la liaient à son sauveur involontaire.
Finalement, Towa tourna la tête et leurs regards se croisèrent. Elle ne souriait pas; c'était plutôt une expression mêlée de détermination et de résolution, comme si chaque vision de libre nature renforçait sa volonté de s'échapper.
Law n'avait pas besoin de mots pour comprendre son message silencieux : elle était prise au piège mais pas domptée, et chaque île comme celle-ci ne faisait que raviver la flamme de son indépendance. Elle était avec lui sur ce navire, mais son esprit était aussi libre et sauvage que le paysage luxuriant de l'île printanière.
Après un moment suspendu, Law se détourna, confiant dans la promesse tacite d'un jeu qui se jouerait autant dans les moments de calme que dans les tempêtes. Quant à Towa, elle grava l'image de l'île dans sa mémoire, chaque brin d'herbe et chaque pétales de fleur devinrent des alliés dans son esprit rebelle, nourrissant sa détermination à surmonter tous les obstacles pour retrouver sa liberté car oui c’était décidé : elle allait s’échapper !

A peine l’ancre fut-il jeté que l'équipage s'activait déjà, préparant l'expédition sous la direction de leur capitaine, Trafalgar Law. Quant à Towa, elle se tenait à l'écart, adossée contre une paroi froide d'acier, les bras croisés et le regard perçant. Son esprit était loin de cette agitation, préoccupé par des pensées d'évasion, mais sa curiosité pour l'inconnu était toujours palpable.
Law jeta un coup d'œil à la jeune femme, notant l'étincelle provocatrice dans ses yeux verts. Puis, il balaya l'assemblée d'un regard autoritaire, tous les membres de l'équipage se taisant instantanément, l'attention centrée sur leur leader.
"Jean Bart, prends ta position à la vigie et garde un œil sur les alentours. Nous ne savons pas encore ce que cette île nous cache, commença-t-il, d'un ton qui n'admettait aucune objection. Bepo, aide-le en cas de besoin, ta vigilance a toujours été précieuse.
Les deux concernés s'inclinèrent légèrement, le poing sur le cœur, avant de grimper agilement vers leurs postes respectifs.
– Shachi et Penguin, vous êtes avec moi, annonça Law sans l'ombre d'un doute dans la voix. Nous allons faire quelques provisions et explorer le périmètre nord de l'île.
Les deux hommes échangèrent des regards d'appréhension et d'excitation avant d'acquiescer, Penguin ajustant ses gants avec empressement tandis que Shachi vérifiait la fermeté de sa ceinture à outils.
C'est alors que Law se tourna vers la silhouette solitaire de Towa, qui n'avait pas bougé, son regard explorant toujours avidement la ligne de l'horizon. Elle ressemblait à un oiseau captif qui mesure la distance jusqu'à son prochain vol orageux.
– Towa, l’appela Law, sans quitter les cartes maritimes qu'il annotait, tu m'accompagneras, toi aussi.
Elle redressa le menton avec une moue espiègle, défiant le capitaine de sa réputation comme s'il était l'équivalent d'un jeu pour elle, un nouveau puzzle à résoudre.
– Ne t'attends pas à ce que je saute de joie. Les expéditions avec la version sombre du capitaine Crochet ne figurent pas dans ma liste de priorités,” répondit-elle, la taquinerie claire dans sa voix.
Law ne réagit pas à sa pique, habitué à l'insolence de Towa. Il savait qu'une faiblesse dans son armure de capitaine serait immédiatement exploitée par la jeune femme imperturbable.
Peu de temps après, le petit groupe, armé de vivres et de matériel, descendit le pont d'acier coulissant et toucha le sol de l'île luxuriante. L'air était empli de chants d'oiseaux tandis que leurs pas se faisaient écho sur les sentiers battus. Ils avancèrent en formation serrée, Shachi et Penguin gardant les yeux ouverts pour toute anomalie. Derrière eux, la silhouette solitaire de Towa suivait, son regard scrutant chaque ombre de feuilles, chaque mouvement suspect.
Law, en tête, menait le rythme, ses sens affutés détectant des signes que les autres manquaient. Il n'était pas seulement un médecin et un combattant redoutable, il avait également le don de discerner le langage des bois, de percevoir chaque indice murmurer par la canopée.

L'expédition avançait depuis près d’une heure lorsqu'ils trouvèrent leur premier indice. Une stèle ancienne, érodée par le temps, se dressait à demi cachée par l'épaisse végétation. Law s'agenouilla pour examiner les marques à peine visibles gravées dans la pierre, son expression indiquant la concentration. Shachi et Penguin l'imitèrent, tandis que Towa, toujours à distance, observait la scène avec une moue moqueuse.
"Alors, Trafalgar, ce vieux caillou te raconte une belle histoire ? taquina-t-elle, s'accroupissant à côté de lui.
Law leva les yeux de la pierre vers Towa, un sourire en coin naissant aux commissures de ses lèvres.
– Quelque chose me dit que tu aimerais pouvoir déchiffrer ses secrets autant que moi, Towa. Dommage que la latitude et la longitude sur cette stèle ne te disent rien, n'est-ce pas ?
Towa réprima un sourire à contrecœur. Bien qu'elle ne l'admettrait jamais, elle était intrigée. La soif d'apprendre, de comprendre, faisait écho à son désir de liberté, titillant malgré elle sa nature rebelle.
– Peut-être, répliqua-t-elle, se redressant avec grâce. Mais rassure-toi, je trouverai mon chemin hors de cette île et loin de ton sous-marin.
Et alors que Law formulait une réponse cinglante, le bruissement des feuilles les alerta tous. Ils se redressèrent, saisissant leurs armes alors qu'une forme sombre et indistincte s'approchait rapidement à travers le sous-bois.
Tous les sens en alerte, le groupe se tenait prêt à faire face à ce nouvel imprévu.
Le bosquet se transformait en un théâtre de frissons, les arbres aux branches étirées jouaient un ballet de silhouettes sous le soleil morcelé. Towa, écartée du groupe, pinçait sa lèvre inférieure entre ses dents, un signe de sa concentration sous-jacente, tout en suivant les mouvements alarmés de ses compagnons avec une étincelle amusée dans son regard scrutateur.
Shachi rassemblait le courage de ses ancêtres en brandissant sa machette, prenant une inspiration qui se voulait calme mais s'accrochait plutôt dans sa gorge, tandis que Penguin, toujours à l'affût des dangers imprévus, dressait sa lance, ses muscles tendus par l'adrénaline taquine du risque imminent.
Law, impassible, sa main sur la garde de son nodachi, ne laissait transparaître aucune once de doute. Son instinct de capitaine, aiguisé par des années de navigation et de combats, discernait presque l'invisible, analysant chaque détail du feuillage agité.
Alors que le suspense de l'attente gonflait l'air ambiant, Towa se redressa nonchalamment, écartant ses mèches blanches de son front d'une main distraite.
– Vous savez, si c'est juste un écureuil mutant, je serai très déçue, lâcha-t-elle, un rictus provocateur ourlant ses lèvres.
Un grondement sourd émana des buissons, une menace vibrante qui révéla la naïveté de l'hypothèse de Towa. Une masse ombreuse surgit, se dévoilant dans toute sa longueur serpentine et ses écailles dansantes sous la caresse du soleil. Le serpent géant, une créature de légende qui inspirait des contes effroyables aux veillées d'îles oubliées, insufflait maintenant la réalité de sa présence monstrueuse.
Shachi et Penguin se crispèrent, les yeux élargis par plus que l'effroi, une compréhension mortelle de leur vulnérabilité face à la créature. Leurs lances et couteaux n'étaient soudain que des brindilles entre leurs doigts tremblants.
Seule Towa ne recula pas, le frisson d'une confrontation digne la galvanisant. Son regard vert se tinta d'un éclat sauvage, un miroir de sa propre nature intrépide. Elle s'avança, les bras écartés dans un défi, un sourire guerrier sur les lèvres.
– Pas exactement de la taille d'un écureuil, mais je prends, ricana-t-elle, son poing serré évoquant une promesse de combat singulier.
Law intervint, soulevant une main pour retenir la fougue de Towa, son autre main toujours prête sur sa lame.
– Towa, ne sois pas imprudente. Cette bête n'est pas à prendre à la légère, prévint-il d'une voix basse, mais avec une pointe sous-jacente de respect pour l'audace qui la caractérisait.
Le serpent géant, prenant toute la mesure de ces étranges adversaires, siffla une menace sourde, sa langue bifide taquinant l'air de son message mortel.
Law, pénétrant la mélodie de la créature, se prépara à agir.
– Shachi, Penguin, restez en arrière. Towa, avec moi. Faisons-lui comprendre qu'il a choisi les mauvais pirates à attaquer.
Les échanges avec le serpent gigantesque s'élevèrent rapidement à l'ampleur d'une épopée, chaque mouvement des combattants ressemblant à une danse millénaire opposant l'homme à la nature sauvage. Law, toujours impassible, dégaina son nodachi avec une fluidité mortelle, créant une room, sa sphère d'influence chirurgicale, dans laquelle il contrôlait le temps et l'espace. Avec un geste précis, il fit apparaître une série de "scalpels" d'énergie pure qu'il envoya fendre les airs vers leur adversaire massif.
Towa, quant à elle, se découvrit, dévoilant des aptitudes martiales qu'elle tenait soigneusement cachées. Ses pieds légers frôlaient le sol, esquivant chaque attaque du monstre avec une agilité surnaturelle. Ses poings, aussi blancs que ses mèches de cheveux, projetaient des ondes de force qui, bien que faisant peu de dégâts, suffisaient à déstabiliser la bête et à lui faire découvrir que sa taille ne faisait pas tout.
Le serpent, perturbé par cette résistance inattendue, décochait des attaques de plus en plus désespérées, son immense corps ondulant à une vitesse étonnante parmi les arbres. La scène se figea lorsque Law, concentrant son Haki, trancha l'air d'une lame transparente qui frôla l'écailleux, lui infligeant une coupure superficielle mais douloureuse.
Craignant enfin pour sa vie, le reptile titanesque décida que la chasse n’était plus à son avantage et battit en retraite. Il se replia dans un mouvement fluide et disparut dans l'épaisseur de la forêt, laissant derrière lui un sillage de feuilles agitées et le souvenir de sa menace.
Shachi et Penguin, témoins de cette agilité surprenante de la part de Towa, ainsi que du contrôle inébranlable de leur capitaine, affichaient un soulagement non dissimulé.
– Cette bête n'oubliera pas de sitôt le goût de la défaite, dit Penguin en essuyant son front moite d'une main vacillante.
Shachi hocha la tête, reprenant son souffle.
– Voyons ce que l'île cache d'autre. Si elle abrite des serpents comme celui-ci, qui sait quels mystères nous pourrions découvrir ? déclara-t-il, une étincelle de curiosité revigorant son esprit après l'horreur.
Le groupe reprit sa route, les buissons s'écartant pour révéler une clairière baignée de lumière. C'était un havre de tranquillité. Le sol était moelleux, recouvert d'un tapis d'herbe fraîchement coupée et de mousse éclatante. Au milieu, une étendue d'eau cristalline reflétait le ballet incessant des nuages.
Des fleurs sauvages de toutes les couleurs s'épanouissaient aux pieds de vieux arbres, dont la sagesse semblait couler de leur écorce noueuse et de leurs branches tendues vers les cieux. Des plus délicates orchidées aux impétueux iris, chaque pétale comptait une histoire, apportant une touche de douceur à la toile verte de la clairière.
Queues de renard gracieusement inclinées, frémissant doucement à la brise légère, semblables à de petits spectateurs timides d'une représentation naturelle. Un concert discret d'insectes crépitants comblait l'air de leur musique rassurante, tandis que, perchés dans l'azur, des oiseaux chantaient des cantiques en l'honneur du jour.
Le clapotis nonchalant de la cascade voisine était une mélopée rafraîchissante, chantant une ballade d'éternel ruisseau. Law, Towa, Shachi et Penguin s'immobilisèrent, captivés par ce tableau de paix absolue, un souffle hors du temps.
Dans cette clairière, loin du tumulte sombre des profondeurs marines, Towa contemplait les lieux, une flambée de nostalgie allumée dans ses prunelles. Ici se trouvait l’antithèse de sa prison de glace, une promesse de liberté dans laquelle son cœur, bien qu'absent, ne pouvait s’empêcher de battre en écho à la mélodie de ce sanctuaire.Buvant quelques gorgées de l'eau dans leur gourde respective, ils s'assirent à l'ombre des arbres.
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