Chapitre 4 : Début difficile

 

Médusé, Law fixait les prunelles rougeâtres se demandant ce que tout cela signifiait. Cette teinte, impossible pour un être humain, confirmait ses doutes depuis longtemps le taraudant sur le fait que cette demoiselle n'était humaine que d'apparence. Il allait donc devoir découvrir ce qu'elle était exactement tout en se réjouissant déjà d'avoir déniché un sujet d'étude des plus intéressants.

Mais pour l'heure, il allait devoir démontrer à cette femme que le chirurgien de la mort n'était point un homme à prendre à la légère. Un sourire en coin, se laissant malgré tout attirer au-dessus de la blanche, Law posa une main aux dactyles glacés sur le cou de cette dernière.

Voyant leur capitaine en si mauvaise posture, et craignant qu'elle ne s'attaque à lui, Penguin et Shachi firent un mouvement dans leur direction aussitôt arrêté par l'ordre péremptoire de leur supérieur. Se figeant net, fixant la scène à quelques pas, ils entendirent la jeune femme surenchérir, railleuse :

 


"Oui, c'est cela... N'approchez pas..."


Tout en parlant, elle n'avait point quitté le pirate des yeux, consciente qu'une seule seconde d'inattention et elle perdrait son faible avantage.

Mais, Law n'était pas dupe, malgré l'assurance transparaissant dans ses paroles et brillant dans son regard carmin, identique par leur forme à ceux d'un chat, elle ne faisait guère le poids. Bien trop affaiblie par la subite poussée de fièvre, ses forces ainsi que ses réflexes s'en retrouvaient amoindris. Et cela, il fallait l'avouer, servait bien le pirate qui tira profit de ce détail.

Cependant, il se refusait à se montrer clément. Après tout, elle montrait une certaine agressivité à son encontre, ce qui l'amenait à s'interroger sur la nature de leur prochaine relation. Amie ou ennemie ? Quoique dans sa tête d'Apollon, ça sonnait plutôt comme cobaye ou sujet d'études...

Resserrant légèrement ses doigts autour du cou frêle de sa patiente, la privant peu à peu d'oxygène, s'amusant de son teint virant au bleu, il esquissa un sourire sadique. Non, mais c'était quoi ce bordel ? Il était sérieux là ? Il voulait réellement la tuer ? En tout cas, son attitude le portait à croire. Choquée par telle attitude, et n'ayant guère dit son dernier mot, la blanche donna un coup violent dans le bras du chirurgien, le faisant de se fait lâcher prise. De sa main libre, elle le repoussa violemment, l'expédiant au travers de la pièce vers le mur opposé.

Médusés, les Hearts crièrent en un même ensemble un capitaine, lorsque la sphère bleue apparut et vit le corps de leur supérieur être échangé avec celui de la blanche. Autant dire, que Towa alla manger le mur sans rien pouvoir faire pour éviter l'impact.

Tout sourire, assis les jambes croisées sur le lit qu'occupait encore, il y avait quelques secondes la jeune femme, Law souriait, le regard orageux dardé sur la fine silhouette. En cet instant, il se demandait ce qu'elle allait faire, même s'il doutait qu'elle puisse avoir assez de force pour s'opposer à lui.

Mais, lorsque voyant la blanche se redresser sur ses bras en gémissant avant de se laisser aller contre la paroi, l'admiration le gagna. Là où d'autres auraient assurément été incapable de bouger, elle parvenait encore à se redresser et à le toiser froidement comme en cet instant. Il nota également que ses pupilles avaient repris leur teinte normale ce qui suscita un grand nombre de questions de la part de l'homme de science qu'il était.

Towa suffoquait et ce n'était pas uniquement dû à la faim la tenaillant. Non, il semblerait que pour une raison inconnue, elle soit malade. Comment une telle chose était-elle possible ? Jamais depuis sa naissance, pareille chose ne lui était arrivée ! A moins, pensa-t-elle, que sa faim jouait contre elle et amenuisait ses anticorps naturels.

Trafalgar descendit du lit, marchant à pas lents de sa proie pour ne s'immobiliser qu'à quelques pas. Là, s'agenouillant devant la blanche, il riva ses prunelles cendrées à celles de la jeune femme avant d'observer :


"Plus faible et inconsciente qu'un oisillon.


Ces mots fouettèrent l'amour propre de la jeune femme qui tenta de lui assener un coup de poing qu'il esquiva en penchant légèrement la tête sur le côté. Puis, il referma sa main sur le poignet gracile avant de se lever l'arrachant de terre.


- Tu dépenses ton énergie inutilement. Dans ton état actuel, tu ne brasses que du vent."


Tout en parlant, il étudiait son rythme cardiaque sous ses doigts, ainsi que ses pupilles dilatées. Elle s'accrochait, luttait visiblement pour ne pas laisser libre court à son mépris.

Conscient que cette demoiselle ne le laisserait pas l'examiner aisément, il se décida à user d'une méthode peu orthodoxe. Créant de nouveau sa room, il fit apparaître au creux de sa paume, une seringue avec laquelle il joua quelques instants avant de ramener son regard sur la blanche dont des gouttes fines de sueur perlaient à son front.

Il aurait préféré s'amuser encore un peu, mais son état l'alarmait de seconde en seconde. Cette fièvre semblait atteindre des sommets faramineux, si bien qu'il se devait de la faire baisser au plus vite. Mais, voilà, Towa le foudroyant de ses grands yeux en amande, le menaçait implicitement de l'approcher.

Un sourire sardonique aux lèvres, et bien déterminé à obtenir ce qu'il voulait et dans ce cas précis, sa reddition. Il planta ni plus ni moins, sans douceur aucune, l'aiguille dans le cou de la jeune femme qui gémit tout en tentant de se soustraire.

Malheureusement pour elle, le produit faisant effet, Law vit les paupières s'alourdirent et se fermer doucement, sans qu'elle ne puisse plus lutter. La laissant retomber tel un objet encombrant, il ordonna à Shachi de la placer sur le lit médicale tandis qu'il poursuivrait ses analyses.

Quelques heures plus tard, deux certainement, Towa tiré de son sommeil par un bip régulier souleva lentement les paupières. Regardant autour d'elle, elle vit Trafalgar à quelques pas de là, lui tournant le dos, et le nez dans son microscope, tandis qu'un petit tube en plastique descendait lentement jusque dans son bras.

La blanche se redressa en soupirant indiquant par la même occasion au ténébreux son réveil. Néanmoins, loins de se retourner, les yeux rivés sur ses études, il se contenta d'un bref et indifférent :


"Enfin réveillée ?"


Sans relever, Towa promena ses prunelles claires sur l'ensemble de la pièce, cherchant la présence des deux autres individus pour constater qu'ils n'étaient plus là. Or, l'idée de se retrouver seule avec cet individu ne lui plaisait pas.

Effectivement, une heure vingt plus tôt, Trafalgar ayant écarté la possibilité d'une quelconque contagion, avait renvoyé ses hommes à leur poste se chargeant de veiller sur la blanche.

Le chirurgien de la mort pivota, une expression indéchiffrable sur le visage. Il venait de passer ses dernières heures à étudier son sang qui n'avait guère révélé davantage que la dernière fois. Sauf peut-être cette anomalie qu'il ne parvenait pas à identifier, mais il pressentait que l'explication était assurément en rapport avec la couleur étrange de ses yeux. Et il doutait qu'elle veuille bien lui dire ce qu'il en était.


"Qu'est-ce que tu es ? Pas humaine, en tout cas.


Silence...

N'insistant pas, devinant que tout n'était qu'une question de temps, il s'approcha et la défit de sa perfusion lui apportant les nutriments nécessaires et dont elle semblait manquer.


- Je ne te fais pas confiance."


Towa serra les dents retenant de justesse la réplique acerbe lui montant aux lèvres. Mais préférant jouer profile bas, malgré le sang bouillonnant dans ses veines, elle se contint avec difficulté.

Quelques minutes plus tard, le pirate confia la garde de la jeune femme à Bepo qui la mena jusqu'au couturier du navire. Ce dernier étant au courant de sa venue prochaine avait déjà préparé quelques vêtements dont une combinaison au jolly roger de l'équipage.

Néanmoins, avisant cette horreur comme elle s'était exclamée, Towa se refusa à la porter préférant et de loin retrouver son kimono. Bon d'accord, elle ne le revêtit point comme par le passé, suivant les conseils du couturier, lui ayant déniché en un tant record, une petite jupe violette ainsi qu'un petit haut qu'il avait confectionné à la va vite en partant de quelques bouts de tissus. Il ne manquait plus que les chaussures, mais elle préféra demeurer nus pieds.

Suite à cela, prenant comme exigé par le capitaine, l'ours polaire que la blanche ne quittait pas des yeux, comme fascinée par cet étrange animal doté de parole, lui ouvrit le chemin vers le réfectoire où le cuisinier devait les attendre.


"T'es quoi au juste ? s'enquit Towa en lui coulant un regard intrigué.

- Un Mink."


Ne connaissant pas du tout cette race, elle assimila l'information tournant la tête sur le côté pour poser ses yeux sur le petit hublot Là, plissant les yeux, s'immobilisant au beau milieu de la salle de repos, déserte à cette heure de la journée, elle se rua sur les banquettes rouges disposées contre les murs. Grimpant dessus, elle jeta un coup d'œil dehors et crut halluciner.

Là, sous ses yeux, de l'autre côté de cette petite fenêtre ronde, il n'y avait pas l'océan à perte de vue, ni de ciel bleu parsemé de nuages. Non, tout ce qu'elle voyait c'était un monstre marin, nageant librement à proximité du navire.


" Incroyable... Les poissons vivent en surface à présent...


Abasourdi, Bepo battit des paupières avant de corriger la jeune femme. Il valait mieux ne pas la laisser se méprendre.


- Pas du tout. C'est nous qui sommes au fond de l'océan."


Choquée par une telle révélation, Towa pivota vers Bepo qui expliqua alors ce qu'était exactement leur navire, évitant de lui bourrer le crâne avec les termes techniques et autre sur son fonctionnement. Pour l'instant, il fallait rester simple.

Comme émerveillée par cette nouvelle, Towa retourna à son exploration des fonds marins si bien qu'une idée lui traversant l'esprit mena la jeune femme à l'un des points clés du sous-marin, la vigie...

Il s'agissait d'une pièce de forme arrondie dont des sièges trônaient contre les parois alors qu'un dôme vitré leur donnait une vue panoramique sur trois cent soixante degrés. Déboulant dans la vigie, Bepo présenta la blanche à son nakama s'y trouvant et surveillant les environs.


"Ban, voici Towa, c'est la...



Poussant l'ours sur le côté, le jeune homme prit la main de la blanche qu'il porta doucement à ses lèvres avant de souffler la main sur le cœur :


- Quelle belle fleur avons-nous là ! Ban pour vous servir !


Cependant retirant doucement sa main, Towa leva les yeux le dôme, émerveillée. Ses yeux étaient identiques à deux étoiles brillants d'excitation. Se ruant sur la banquette sur laquelle elle monta à genoux, les mains sur la surface vitrée et la bouche en cœur, elle admira les fonds marins.

A la voir ainsi, on jurerait voir une petite fille devant son cadeau d'anniversaire. Amusée par cette expression Ban actionna un petit interrupteur allumant ainsi les projecteurs du submersible et permettant à la blanche d'admirer ce qui les entourait.

Et tandis qu'elle suivait l'un des poissons gigantesques à plusieurs mètres devant eux, une voix grésillante résonna dans la vigie.


- Ban, que se passe-t-il ? Pourquoi as-tu allumé les projecteurs ?

- J'ai cru voir quelque chose.



Tout en parlant, il adressa un clin d'œil à la jeune femme et au second qui s'apprêtait à le corriger. Puis, il éteignit la lumière replongeant la faune marine dans les ténèbres.

Mais, lorsqu'il voulut conduire Towa au réfectoire comme prévu, cette dernière refusa de le suivre, préférant demeurer en ce lieu qu'elle appréciait. Mais, l'ours n'en menait pas large, pressentant que son capitaine n'apprécierait sans doute point tout ceci. Il avait exigé qu'elle se nourrisse et si elle ne le faisait pas, il serait celui qui subirait les foudres du capitaine.


- Towa... le capitaine...

- Qu'il aille se faire voir... ! Je reste ici !"


Son ton déterminé fit sourire Ban qui prit le parti de la blanche et promit à Bepo qu'il la surveillait le temps qu'il ramène un plateau pour la demoiselle.

Seulement, trente minutes plus tard, Ban fut étonné voir même choqué de voir non pas le second du capitaine, mais ce dernier en personne, apparaître un plateau à la main. Son regard alla de la fine silhouette recroquevillée dans un coin de la banquette, sa tête reposant au creux de ses bras, et profondément endormie, à son homme qu'il congédia d'un simple mouvement de tête.

Là déposant son fardeau à côté de lui, croisant les jambes avec nonchalante et posant ses bras de part et d'autres de son corps sur les dossiers, il fixait la jeune femme. Ces yeux cendrés glissèrent de ses petits pieds nus, remontant le long de ses chevilles jusqu'à s'arrêter sur le bord de sa jupe.

Soupirant, il se leva et s'approcha de la jeune femme. Repoussant une mèche blanche lui barrant le front, il se pencha au-dessus d'elle, une expression indéchiffrable au fond du regard.


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