Chapitre 2 :

Puis, il bondit à son tour dans le vide, son fardeau toujours sur l’épaule. De sa main libre, il articula ses phalanges. Après plusieurs secondes, les fils jaillissant de ses doigts formèrent une silhouette identique à la sienne. Un clone ?! Abasourdie, Maya le vit se ruer vers son amie qui ne tarderait pas à s’écraser sur le sol en dessous. De terreur, elle s’agrippait frénétiquement aux pans de la chemise ouverte de son kidnappeur alors même qu’un cri strident se mêlait au fracas des vagues se brisant sur les rochers en contrebas.
Et une fraction de seconde plus tard, ils touchaient le pont du navire en un même ensemble, leur fardeau entre leur bras. À la vue de leur supérieur et de son clone, ils se pressèrent autour de lui. Sans attendre, le blond se délesta de sa prisonnière qu’il jeta ni plus ni moins dans les bras de ses hommes, sa création exécuta les mêmes gestes avant de disparaître.
Furieuse de se voir ainsi malmenée, Kayla se débattit farouchement assenant des coups de pied et de poings à ses ennemis, dans le faible espoir de leur échapper. Pourtant, au fond d’elle, elle savait que jamais, elle ne pourrait fuir cet individu. Cependant, dans sa hargne, elle parvint à se défaire des deux bourreaux qui s’efforçaient de la maîtriser.
Maya tremblait de peur devant le pirate. Elle connaissait sa réputation et redoutait qu’il la vende au marché noir. Elle ne supporterait pas une telle chose. Nul n’ignorait les forfaits perpétrés par ce shichibukaï sous le couvert du gouvernement mondial. Mais, voyant Kayla se débattre avec rage, elle pâlit.
Kayla n’avait nullement conscience des ennuis qu’elle s’attirerait à se comporter de la sorte. Et comme elle le prévoyait, Doflamingo se déplaça vers la petite brune d’un pas lourd et menaçant. Un silence de plomb où on jurait pouvoir entendre une mouche volée plana sur le pont. Le shichibukaï se planta devant la jeune femme tandis que ses hommes s’écartaient, une veine d’agacement palpitant sur son front.
Il était tellement grand qu’elle n’eut d’autre choix que de lever le visage vers lui. Néanmoins, en avisant les prunelles furibondes se poser sur le blond, Maya redouta le pire. Kayla était un électron libre et n’en faisait toujours qu’à sa tête sans jamais réfléchir aux conséquences au préalable.
“Kayla, ne…
Elle n’eut guère le temps de finir sa phrase que déjà l’intéressée crachait à la figure du flamant, méprisante.
L’effroi se peignit sur tous les visages tandis que Maya soupira, résignée. Si elle n’y prenait pas garde, elle risquait fort de perdre la vie, car cet homme avait la réputation d’être un monstre de cruauté.
Doflamingo s’essuya du revers de la main avant d’assener une claque magistrale à la jeune fille. Sous la violence du coup, elle tomba à terre. Elle redressa doucement la tête dardant ses yeux noirs de colère sur l’individu devant elle. Un filet de sang coulait de sa lèvre qu’elle effaça du bout des doigts.
Doflamingo s’approcha lentement et se pencha. Il saisit l’insolente à la gorge et la souleva de terre comme si elle ne pesait pas davantage qu’une poupée de chiffon. Ses pieds se balancèrent dans le vide, tandis qu’elle agrippa la main masculine, y plantant ses ongles, tentant de le forcer à la lâcher.
Malheureusement, l’effet escompté ne fut pas au rendez-vous et l’air commençait dangereusement à lui manquer. Tandis que sa vue se brouillait, signe qu’elle ne tarderait plus à perdre conscience, elle vit le visage de l’homme se fendre d’un sourire démoniaque avant de la laisser retomber à terre. Elle toussotait, se raclait la gorge, cherchant de l’oxygène.
— Enfermez-les dans les cachots, mais séparément, ordonna-t-il avant de s’éloigner vers la proue du navire.
Kayla le suivit des yeux en se jurant de lui faire regretter son attitude. Un jour ou l’autre, il paierait son comportement à son encontre, se promit-elle intérieurement.
C’est alors que deux hommes l’empoignèrent chacun par un bras et la forcèrent à se remettre sur pied. D’un regard noir, elle se dégagea d’un mouvement brusque avant de gronder farouchement :
— Je peux marcher toute seule !
Ils se lancèrent un coup d’œil choqué et s’attendaient à rencontrer de la résistance de sa part. Mais, contre toute attente, elle se dirigea, tête haute et très digne, jusqu’aux cachots où on l’enferma. Maya, pour sa part, fut emprisonnée dans la cage voisine.
Doflamingo demeura sur le pont. D’un pas lent, il alla prendre place sur le bastingage, un pied sur ce dernier et la jambe pliée. Les yeux fixés sur un point invisible à l’horizon, il se mura dans le silence. Il n’aimait pas beaucoup parler et encore moins se confier aux autres. Or, en cet instant, il se délectait de sa belle prise. Il venait de capturer deux jeunes femmes qui serviraient assurément, toutes deux, ses projets.
La Princesse lui apporterait la descendance qui seyait à son titre tandis que la seconde… Eh bien, la deuxième, il jouerait avec elle jusqu’à s’en lasser avant de la vendre au marché d’esclaves. Ce qu’il adviendrait d’elle par la suite ne le concernait en rien. Mais jusqu’à ce que ce moment arrive, il se délecterait de sa présence et la soumettrait à son bon vouloir de gré ou de force. À cette pensée, il esquissa un sourire diabolique, révélant toutes ses dents.
En effet, il avait pu voir dans son regard qu’elle lui résisterait bec et ongles, même si cela signifiait la mort. Malheureusement, elle paraissait ignorer qu’il avait bien des moyens de l’y contraindre. Et tandis que des idées toutes aussi folles les unes que les autres s’insinuaient dans son esprit, il se mit à rire doucement attirant les yeux intrigués de ses hommes.
Après tout, ils ne comprenaient pas beaucoup les agissements de leur Roi. Effectivement, Doflamingo venait de traverser des milliers de kilomètres pour attaquer un château et kidnapper deux jeunes femmes. Ils se demandaient ce qu’il prévoyait de faire avec elles. Les intégrerait-il à son harem déjà bien conséquent ou les vendrait-il en tant qu’esclave ? Nul ne saurait le dire…
Au même moment, dans les cales du navire, Kayla tirait sur les barreaux avec rage comme si cela suffirait à les faire céder. Néanmoins, cela se révéla une entreprise bien vaine. Maya, pour sa part, demeurait assise, silencieusement dans un coin de sa prison de fer, la tête dans ses genoux. Elle tremblait de peur quant à l’avenir que ce pirate leur réservait. Elle ne voulait pas devenir l’esclave de ce monstre ni de personne d’ailleurs !
Kayla serra les poings en avisant Maya. La pensée même que ce grand corsaire lui fasse du mal la mettait dans un état de rage et de frustration inimaginable. Et en cet instant, elle bouillonnait de colère. Sa meilleure amie tremblait de peur et elle ne pouvait rien faire pour l’aider.
Ce fut alors qu’une idée germa dans son esprit. Elle n’était pas du genre à renoncer facilement et même si en cet instant cette cage la retenait captive, il n’en serait pas éternellement ainsi. Avec un soupir, elle souffla :
— Maya… Je te protégerai quoi qu’il arrive.
L’intéressée secoua négativement la tête sans pour autant la redresser. Elle ne voulait pas que son amie prenne autant de risques pour elle. Elle ne méritait pas autant de gentillesse, pas après tout ce qu’il s’était passé. Ce fut alors que des doigts effleurèrent doucement la pointe de ses souliers. Surprise, elle releva quelque peu le visage pour constater que Kayla s’étirait tant que possible pour la toucher et attirer son attention. Leurs regards se rencontrèrent alors et Kayla sourit avant de dire :
— Ça va aller, Maya. Je ne le laisserai pas te faire de mal.
Elle se voulait rassurante, mais au fond d’elle, elle n’était pas si sûre d’y parvenir. Cependant, elle refusait de rester les bras croisés.
Déterminée à sortir de sa prison et aider Maya, Kayla tâtonna la masse soyeuse de ses cheveux et en ôta quelques épingles qui s’y trouvaient encore. Dénouée, sa longue crinière cascada le long de son dos, effleurant légèrement ses reins. Puis, sans attendre, elle entreprit de crocheter la serrure. Elle devinait qu’il ne serait pas facile de se sauver de ce navire, de fuir cet endroit, mais elle ne s’avouait pas aisément vaincue !
Entendant un cliquetis, Maya redressa doucement la tête, intriguée. Découvrant ce que son amie d’enfance s’efforçait de faire, elle sentit son cœur bondir dans sa poitrine, mêlé à une vive inquiétude. Elle craignait, plus que tout, que quelqu’un la surprenne. En effet, que se passerait-il si l’un des criminels arrivait et la surprenait dans sa tâche ? Nul doute qu’elle vivrait un fort mauvais quart d’heure.
- Kayla... C’est dangereux… Si quelqu’un te voit… Et puis, dois-je te rappeler que nous nous trouvons sur un navire pirate ?
La petite brune suspendit son travail avant de se tourner vers Maya, un sourire rassurant aux lèvres. Secouant l’épingle à cheveux, en direction de la blonde, elle répliqua :
— Sur un bateau, même pirate, il y a des barques. Nous en volerons une et bye bye les crétins.
— Et si on se fait prendre ?
— Je me battrai, c’est ce que je sais faire le mieux, après tout, fit Kayla sans se départir de son sourire.
Ce fut à cet instant que la porte de la cale s’ouvrit et un homme avec une toison blanche dressée sur le crâne et arborant un masque arriva. Kayla dissimula promptement son outil tandis qu’il s’immobilisait devant la cage de Maya. Il se pencha tout en annonçant :
— Le jeune maître souhaite te parler, alors suis-moi.
L’intéressée n’osait pas bouger tandis que le battant de fer grinçait de façon lugubre en tournant sur ses gonds. Les yeux ronds, Kayla réfléchit rapidement. Si elle n’intervenait pas, il se pourrait que quelque chose d’horrible arrive à sa camarade. Et cela, elle ne le supporterait pas ! Elle mettrait tout en œuvre pour la protéger de tout danger, même si cela impliquait de se sacrifier.
— Allez dépêche-toi ! Il n’est pas de nature patiente.
Maya tremblait. Paralysée par la peur, elle ne parvenait pas à bouger si bien que le pirate perdit patience. Il esquissa un mouvement vers la cage comme s’il envisageait de l’en extirper par la force. Il l’agrippa violemment par le bras et commença à la tirer tandis qu’un cri de terreur retentissait dans la cale.
— Attends ! J’ai des informations !”
Gladius considéra la brune avec intérêt. Elle avouait détenir certains renseignements. Or pour l’heure, Doflamingo aspirait à s’entretenir avec la princesse. De plus, le jeune maître se chargerait de la brune le moment venu et il saurait la faire parler.
Toutefois, sans se préoccuper de Kayla, Gladius extirpa Maya de sa cage avant de la traîner à sa suite. Tandis qu’ils s’éloignaient, Kayla croisa le regard désespéré de sa meilleure amie. Elle ne pleurait pas et ne criait pas, mais la terreur l’habitait.
Contrariée par cette situation qui échappait à son contrôle, Kayla se remit au travail et après plusieurs minutes, elle se libéra. Ce fut avec un sourire carnassier, révélant une rangée de dents blanches et alignées, qu’elle leva les yeux vers la trappe menant à l’extérieur.
Pendant ce temps, Gladius poussait sans ménagement la prisonnière dans la chambre de son supérieur. Puis, presque aussitôt, il quitta les lieux en refermant doucement derrière lui. Demeurée seule, Maya serra avec force les jupons de sa robe de taffetas en dardant ses prunelles claires sur l’homme en face d’elle.
Assis avec nonchalance dans un fauteuil, il buvait un verre de vin sans même lui adresser un simple coup d’œil. Maya regarda autour d’elle et osait à peine à respirer lorsqu’il tourna finalement le visage dans sa direction.
Leurs regards se croisèrent tandis que Doflamingo dépliait sa haute silhouette. Silencieux, il marcha vers elle avant de s’immobiliser à quelques pas seulement. Il était tellement grand que Maya dut lever la tête pour le voir. Les mains dans les poches de son pantalon, il l’étudia avec attention, provoquant une sensation de malaise chez la jeune fille.
Son cœur cognait rapidement dans sa poitrine tandis que sa respiration se bloquait au fond de sa gorge. Doflamingo la tétanisait par sa seule présence la rendant incapable de bouger. Elle tremblait de tous ses membres tandis qu’un sourire satisfait étirait les lèvres masculines.
Ajouter un commentaire
Commentaires