Chapitre 7 : Rencontre avec l'équipage

Assise sur son séant, elle le scrutait avec méfiance. Voyant qu'elle n'esquissait pas le moindre mouvement pour se lever il reprit :
"Préfères-tu que je te traîne ?
Elle soutint son regard moqueur avec défi. Elle ne se laisserait pas intimider ! Pirate ou pas ! Avisant de la main tatouée approchant, elle la repoussa sans ménagement. Le premier moment de surprise passé, ses yeux rétrécirent et un pli contrarié se dessinait sur ses lèvres.
– Tu ne serais pas un peu masochiste, miss ?
– Et vous ? Un peu sadique ?"
L'idée de lui démontrer, ô combien, elle avait raison, s'immisça en lui, faisant frémir le sang dans ses veines. Néanmoins, il souhaitait juste qu'elle puisse manger quelque chose, mais elle ne comptait pas lui rendre les choses aisées. Puisque c'en était ainsi...
Agacé, il la saisit par le bras et la contraignit à se mettre sur ses pieds. La jeune fille redressa brusquement le visage et le foudroya de ses prunelles vertes. Les yeux dans les yeux, ils se jaugèrent.
Law ne la supportait plus, il avait une forte envie de l'étrangler. D'ailleurs, il ne comptait même plus le nombre de fois que ce désir l'avait titillé. Mais, il valait mieux se maîtriser dans un premier temps. Avait-elle déjà oublié ce qu'il venait de lui faire subir ? Il aurait pu tirer profit de sa force et aller bien plus loin, mais cela ne l'intéressait pas. Pas qu'elle ne soit pas belle ou bien à son goût. Bon, niveau caractère, il y avait plus docile. Le véritable problème résidait dans son âge. Quel était-il au juste ? Et puis, Doflamingo la voulait... Donc, tant qu'il ne s'assurerait pas du but de ce type, il la garderait à portée de mains. Du moins, c'est ce qu'il envisageait. Enfin, si la demoiselle ne lui causait pas plus d'ennuis que nécessaire. Et puis, il aspirait à quelque chose qu'elle lui donnerait, tôt ou tard : une reddition totale...
"- Vous ne me faites pas peur ! gronda-t-elle en tentant de se dégager.
Un sourire sardonique étira les lèvres du pirate. Il répliqua un rien moqueur :
– Tu devrais pourtant, Victoria-ya.
Il se dirigea vers la porte et avant de quitter la pièce, il pivota de nouveau vers elle et conseilla :
– Encore une chose, miss. Si tu ne veux pas que mes hommes se montrent trop entreprenants, il vaut mieux qu'ils continuent à te prendre pour un jeune soldat. Est-ce compris ?
– Oh, monsieur a des secrets envers ses nakamas. C'est pitoyable...
Il accentua la pression de ses doigts autour de son poignet, le regard plus froid que jamais.
– Ton opinion m'importe peu, miss. Fais-le, c'est tout !
– Je ne fais pas partie de votre équipage, je fais ce qu'il me plaît.
– Libre à toi, répliqua-t-il un sourire en coin dont lui seul avait le secret. Mais, crois-tu qu'eux s'arrêteront comme je l'ai fait... ?
Il avait prononcé ces derniers mots d'une voix caressante tout en effleurant sa joue du bout de son index. Puis sans attendre, il la tira par le bras et la traîna à sa suite. La malheureuse prisonnière tentait de protester, en vain. Après quelques minutes, ils déboulèrent dans ce qui semblait être le réfectoire. Ce ne fut qu'une fois devant l'une des tables qu'il la lâcha.
– Penguin, apporte quelque chose à manger à notre nouveau camarade !
Aussitôt, le dénommé Penguin s'affaira dans une pièce à l'arrière. Il revint presque immédiatement à leurs côtés. Il déposa une assiette bien garnie de légumes et de viande. Elle fixa le repas avant de lever un regard suspicieux vers le cuisinier. Ce dernier lui souriait gentiment et l'encouragea :
– Vas-y, mange pendant que c'est chaud.
Penguin considéra le jeune homme, car c'est ce qu'il voyait. Comme tous les autres d'ailleurs...
Elle prit sa fourchette et s'arrêta. Law était assis en face d'elle et la dévisageait avec intérêt. Il avait les jambes croisées sous la table et le coude sur le bord de la surface métallique. Le bras replié, son menton était posé au creux de sa paume.
Voyant l'indécision de son nouveau compagnon, Penguin inclina légèrement la tête sur le côté et croisa les bras. Puis, comme s'il réalisait quelque chose, il fit :
– T'as pas de soucis à te faire. Ce n'est pas empoisonné.
Elle piqua sa fourchette et prit un petit bout de courgette. Elle le fixa longuement sans pour autant oser l'avaler. Exaspéré par tout cela, Law se leva et se pencha au-dessus de la table. Il attrapa le poignet de cette gamine et porta le couvert à sa propre bouche.
– Tu vois, ce n'est pas empoisonné. Alors, mange !
Victoria battit des paupières, abasourdie. Puis, avec un soupir commença son repas. Mais, à la première bouchée, son visage se déforma dans une grimace atroce, et elle aurait recraché si Trafalgar Law ne la dévisageait pas, en cet instant précis, un rien moqueur. Il savait ! Le salaud ! Sans attendre, il tendit la main vers l'unique verre d'eau et le vida d'une traite.
– Comment osez-vous appeler ça un repas ?! s'indigna-t-elle.
Penguin baissa la tête et s'excusa. Ses talents en matière de cuisine laissaient réellement à désirer. Il était mécanicien et pas cuistot.
- Et vous réussissez à survivre ? s'étonna la jeune marine.
– Ben ouais, répliqua Penguin, les poings sur les hanches.
Victoria esquissa un maigre sourire. Law avait repris sa place et observait la scène en silence. Malgré ses airs retors, elle paraissait se détendre en compagnie de Penguin. Peut-être qu'elle se rendrait finalement à sa décision ? À moins qu'elle ne joue un double jeu pour mieux les leurrer et les trahir le moment venu... Il allait devoir la surveiller très attentivement.
– Je m'appelle, Penguin.
– J'ai cru le comprendre, en effet.
Elle sourit encore. Un sourire angélique qui fit battre le cœur de Penguin un peu plus rapidement. Que lui arrivait-il ? Se demanda le mécanicien. Il repoussa cette sensation étrange et s'enquit :
– Et toi, c'est quoi ton nom ?
Comme elle ne répondait pas, Penguin ajouta :
– Si tu veux pas le dire, y a pas de soucis. Mais, je peux pas t'appeler le soldat ou le marine... Je vais...
– Vic...
– Pardon ?
– Appelle-moi, Vic...
Law arqua un sourcil surpris. Il ne s'imaginait pas que son subordonné parvienne ainsi à lui soutirer cette information. Visiblement, elle baissait sa garde devant des gens aux apparences inoffensives. C'était un défaut, certes, mais là, cela servait ses propres intérêts.
– Tu sais cuisiner, Vic ?"
L'intéressée jeta un rapide coup d'œil vers le pirate toujours silencieux avant d'opiner du chef.
Ce fut le moment que Shachi et Bepo choisirent pour entrer dans la pièce. En avisant de la prisonnière attablée avec le capitaine, ils se figèrent instantanément. Leur regard passait de l'un à l'autre. Bepo déglutit péniblement.
Les prunelles émeraude se posèrent sur l'animal. En le voyant, le soldat bondit sur ses pieds et se rua vers lui. Law se redressa sur son siège, sur le qui-vive. Il ne comprenait pas cette réaction des plus inattendues. Shachi murmura à l'intention de son compagnon :
"T'es fichu, Bepo...
L'intéressé se pétrifia le cœur battant, les yeux sur l'ennemie qui fonçait droit sur lui. Il adressa mentalement une prière au ciel avant de fermer les paupières.
Or contre toute attente, deux bras se refermèrent autour de lui. La jeune fille l'étreignait avec une douceur inattendue et une joie qui en surprit plus d'un.
– Oh... un ours de la tribu Mink !"
Bepo tressaillit sous l'effet de surprise. Rares étaient les personnes qui avaient connaissance de ses origines. À vrai dire, seul l'équipage le savait. D'ordinaire, les gens le confondaient avec un utilisateur de l'un des nombreux fruits du démon.
Cependant, la stupeur se lisait sur le visage de tous les membres des Hearts Pirates présents. Le capitaine fronça les sourcils.
Victoria serrait Bepo dans ses bras comme les enfants le faisaient, en général, avec une peluche. Bepo n'appréciait généralement pas ce type de marque d'affection, mais en cet instant, il paraissait... heureux...
Cette gamine se révélait surprenante par bien des côtés.
"Tu es trop mignon... Comment t'appelles-tu ?
Bepo jeta un rapide coup d'œil vers son supérieur lui demandant silencieusement la permission de répondre. Ce dernier se contenta d'opiner du chef.
– Bepo...
Vic se recula quelque peu, mais entreprit de le gratter affectueusement derrière l'oreille. Bepo sentit une douce léthargie l'envahir. Il se sentait tellement bien sous ses doigts emplis de douceur.
– J'en serai presque jaloux", marmonna Penguin en observant la scène.
Trafalgar Law eut un sourire sardonique. Il pouvait comprendre ce sentiment d'envie uniquement en voyant l'expression de béatitude de son second. Cette situation était très inédite pour tout le monde...
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