Chapitre 5 : Qui es-tu ?

Bepo pencha la tête sur le côté. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait. Il était certain d'avoir entendu du bruit. De plus, l'odeur qui flottait dans l'air n'était pas de celle qu'il connaissait. Certes, il identifiait sans peine celle de son supérieur, néanmoins l'autre le troublait. Il regarda autour de lui. Ban le navigateur qui sortait derrière lui le questionna.
"Qu'est-ce qu'il y a, Bepo ? Un problème ?
– Sais pas. J'ai cru sentir le parfum du capitaine.
– Normal. L'infirmerie est un peu plus loin. Il vient certainement de passer.
– Ouais, désolé..."
Les deux camarades s'éloignèrent d'un même pas, s'apprêtant à reprendre les commandes du bateau. Ban coula un regard vers Bepo qui gardait la tête baissée, comme s'il réfléchissait et cela l'inquiéta. En effet, lorsque l'ours polaire était dans cet état ce n'était jamais très bon signe.
Brutalement, la jeune fille de la marine fut poussée à l'intérieur d'une pièce. Elle alla s'affaler sur le lit placé contre le mur. Elle se redressa vivement sur ses mains et zieuta derrière elle. Law entrait de sa démarche souple et féline dans ce qui était en réalité : sa chambre. Il ferma la porte à clé et pivota vers la petite brune. Elle déglutit péniblement et regarda autour d'elle.
Mais, un mouvement dans l'entrée attira son attention. Il s'était immobilisé. Les bras le long du corps et son bonnet sur la tête, il l'étudiait avec intérêt.
Law darda froidement ses yeux métalliques sur sa prisonnière. Il détestait perdre son temps et elle venait de lui faire participer à une partie de cache-cache non désirée. Il nota que ses longs cheveux d'ébène avaient fait place à la coupe masculine de leur première rencontre. Il en déduisit qu'elle pouvait changer leur longueur au gré de ses envies. Il n'avait pourtant pas connaissance d'un fruit du démon de ce genre. Mais, il ne la questionnerait pas immédiatement sur ce sujet. Il avait bien plus important à régler pour le moment.
Le voyant s'avancer vers elle, vers le lit, son cœur s'emballa dans sa poitrine. Elle paniqua et esquissa un geste pour quitter le matelas lorsque tout à coup, elle entendit :
"Room...
Elle jeta un regard par-dessus son épaule tandis qu'une sphère bleue enveloppait la pièce entière. Merde ! pensa-t-elle.
– Shambles...
Les yeux exorbités, elle fixait l'homme penché sur elle. Trafalgar la surplombait littéralement. Elle était à demi redressée sur le lit, appuyée sur ses coudes, tandis que lui se tenait à quatre pattes au-dessus de sa captive. Ses mains reposaient de part et d'autre du corps gracile de la jeune fille. Son visage ne se trouvait plus qu'à quelques centimètres du sien.
Les prunelles vertes virèrent au vert foncé, témoin de sa colère. Amusé, il sourit.
– Ne t'inquiète pas. Je ne te ferai aucun mal... Enfin..., seulement si tu coopères et réponds à mes questions."
Mais, il devinait qu'elle ne le ferait pas facilement. À la lueur de son regard, il était évident qu'elle lui tiendrait tête. Oh, cela ne lui déplaisait pas, en temps normal, à vrai dire. Il aimait lorsque les choses s'avéraient difficiles. Sauf que là, il n'avait pas vraiment envie de jouer. Elle s'était moquée de lui, l'avait obligé à parcourir le sous-marin dans tous les sens pour la retrouver. Alors, hors de question de se montrer patient. Et puis, il savait déjà comment mener son interrogatoire. Nul doute qu'elle céderait. Oh peut-être pas tout de suite, et au fond, il l'espérait bien. Ce serait moins drôle. Non, il fallait qu'elle persiste à lui tenir tête.
Coopérer ?! Répondre à ses interrogations ?! Alors là, il allait être déçu ! se promit-elle. Il avait anéanti le plan qu'elle avait mis en place ! Jamais, elle ne pourrait le lui pardonner. Et même si elle parvenait à rejoindre Doflamingo, elle doutait qu'il se montre compréhensif.
"Eh bien, commençons, miss, fit-il d'un ton calme et détaché.
Brusquement, elle tenta de le repousser de sa main droite, en vain. Il ne bougea pas d'un centimètre. Et pire que ça ! Il lui saisit le poignet qu'il broya à tel point qu'elle grimaça de douleur. Puis, il le lâcha.
– Pas très gentil, miss. Si tu ne coopères pas, je serai dans l'obligation de...
Il marqua une courte pause et reprit sur le même ton, faisant glisser un doigt léger le long de sa joue jusque dans son cou.
– Tu vois où je veux en venir, n'est-ce pas ?
Elle ne releva pas, et il enchaîna d'une voix plus sérieuse :
– Comment tu t'appelles ?
Bon... Elle avait plusieurs options. Premièrement, refuser de parler. Mais, ce n'était pas vraiment envisageable en considérant ce qu'il prévoyait de lui faire si elle ne déliait pas sa langue. La deuxième solution était tout à fait exploitable. Elle pouvait lui mentir. Néanmoins, malin comme il l'était, il risquait fort de le comprendre et les représailles pouvaient être extrêmes. La troisième et dernière option était la vérité, même si cela ne l'enchantait pas beaucoup. Prenant une grande inspiration, elle se lança d'un ton las :
– Victoria.
– Pas courant, commenta-t-il comme pour lui-même. Et miss Victoria a certainement un nom de famille.
– Eh ben non, miss Victoria n'a pas de nom de famille, monsieur le pirate.
Law fronça les sourcils. Pas de nom de famille ? C'était plutôt étrange. Même si tout à fait possible. En effet, les orphelins étaient nombreux, surtout sur les îles envahies par des criminels dans son genre.
– Pourquoi es-tu si importante pour Doflamingo ?
Tout en prononçant ses mots avec un visible dégoût, il fit glisser sa main droite le long du bras de la demoiselle qui la soutenait encore. Il ne la quittait pas des yeux, étudiant chacune de ses émotions, de ses réactions.
Sa question la surprit. En cet instant, il ne lui demandait pas ce que la marine livrait à Dressrosa, mais pourquoi elle avait de la valeur pour ce type ? Il avait compris ! il savait que c'était elle qui devait être conduite à Dressrosa !
À la vue de sa mine étonnée, il esquissa un sourire en coin, le regard toujours aussi indéfinissable. Ses doigts effleurèrent le fin poignet qui tressaillit sous son touché.
– Je ne suis pas...
– Ne me sous-estime pas, la coupa-t-il vivement. Je le connais bien et il ne se serait jamais déplacé personnellement si cela n'avait pas été primordial pour lui.
Et il lui fit observer qu'il n'y avait rien sur le bateau. La seule chose qui sortait de l'ordinaire sur le vaisseau du gouvernement restait, elle : une jeune fille travestie en soldat. Et si elle n'était pas le « fameux colis » pourquoi Doflamingo aurait-il tenté de les poursuivre ? Non, il était évident qu'elle était la clé de tout !
– Donc, qu'as-tu de si spécial ? Je doute que ce soit ta capacité...
Il laissa délibérément sa phrase en suspens et riva son regard aux yeux émeraude avant d'enchaîner sur le même ton :
–... à changer la taille de tes cheveux.
Il parut méditer quelques instants avant d'emprisonner son poignet de sa main droite. Il lança :
– Peut-être qu'il aime jouer avec les gamines...
Oh, elle n'avait pas apprécié ce commentaire, nota-t-il en sentant un frémissement au creux de sa paume. Compréhensible, aucune adolescente n'aimait se voir, ainsi, rabaissée, au niveau, d'une enfant. Poussant, alors le bouchon un peu plus loin, il ajouta d'une voix sensuelle :
– Je devrai sans doute m'amuser avec toi, le premier."
Il se pencha sur elle et passa sa langue humide sur son cou. Elle trembla et il se recula pour mieux la regarder. Un sourire sadique étira ses lèvres alors qu'une lueur incendiaire brûlait dans les prunelles de la jeune fille.
Intéressant, se dit-il, elle ne semble pas avoir l'habitude des hommes. Ou du moins, qu'ils la touchent de cette manière. Devait-il tirer profit de ce détail ? Est-ce que s'il la poussait dans ses derniers retranchements, elle se débattrait sauvagement ? Il était certain, au fond de lui, que si elle le voulait vraiment, elle pourrait le contraindre à la libérer. Alors, pourquoi ne faisait-elle rien ? Où était passé l'adversaire qui l'avait amusé et suscité son intérêt ?
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