Chapitre 4 : Prisonnière en vadrouille

Doflamingo enrageait ! Dans sa cabine, sur le bateau qui tentait de rattraper le sous-marin, il brisait tout ce qui lui passait sous la main. Il attrapa une chaise et l'envoya se fracasser contre le mur en face de lui avant de renverser le contenu de son bureau sur le sol. Il ne pardonnerait jamais à Law ce coup fourré. Il venait d'anéantir son plus grand projet. Il le lui ferait regretter amèrement.

Ce plan, il l'avait préparé depuis sa naissance. Il avait tout orchestré et l'occasion s'était présentée sur un plateau et bien plus tôt qu'il ne l'avait escompté. Hélas, il avait fallu qu'un imbécile s'immisce dans ses affaires.

Les poings serrés par la fureur, il abaissa la tête vers le sol. Ses yeux dissimulés par ses lunettes se fixèrent sur quelque chose sur le parquet. Lentement, il se pencha et ramassa le papier. Il le considéra pendant plusieurs minutes... Il s'agissait d'une photographie d'une jeune fille. L'air indéchiffrable, il la remit dans le tiroir de son secrétaire avec un soupir.

Puis, il promena ses prunelles sur l'état déplorable de sa cabine ayant subi les affres de sa colère. Il n'aurait jamais imaginé que ce plan savamment préparé se solde par un tel échec. Avec la mort de Portgas D. Ace, sa fiancée aurait dû lui tomber entre les bras. Il avait tout manigancé pour la contraindre à l'accepter comme l'élu de son cœur. Il y était presque, il ne restait plus qu'à attendre son arrivée. Mais, elle n'était jamais venue... Jamais arrivée à destination... Avait-elle rompu l'accord d'elle-même ou est-ce que Trafalgar Law en était le responsable ? Les marines du navire affirmaient pourtant qu'il n'y avait pas eu de femmes à bord.

Une femme ? Espèce d'ignorants, songea-t-il intérieurement. Cette fille n'était pas n'importe laquelle ! Elle était l'espoir qui lui restait d'atteindre son sordide objectif. Il avait besoin d'elle pour le réaliser même si pour cela il devait la contraindre. L'usage de la force, les menaces... Il en avait l'habitude...

Agacé, il se laissa tomber sur le bord du matelas. Tête baissée, les mains jointes devant lui, il méditait cette nouvelle situation. Bon, son projet se voyait repousser, mais qu'à cela ne tienne ! Il retrouverait les Hearts Pirates et reprendrait ce qui lui était dû.

Cependant, l'annonce de son kidnapping par le Supernova ne tarderait pas à atteindre les oreilles du gouvernement mondial, et cela compliquerait les choses. Il connaissait assez ses foutus hauts gradés, car ils ne manqueraient pas de lancer les capitaines-corsaires à sa poursuite et cela risquait fort de compromettre son objectif. En effet, jusqu'à présent, il était parvenu à leur dissimuler le fait qu'elle était réapparue. Nul doute que dès que la nouvelle se répandrait, ils pourchasseraient les Hearts Pirates. À cette pensée, un visage en particulier s'imposa à lui. Et il se renfrogna. Il ne pouvait pas se permettre qu'un autre que lui la récupère. Elle était à lui ! Il n'autoriserait point que quiconque fasse capoter son projet !

Sa cible se terrait au seing de l'équipage d'un homme qu'il connaissait assez bien pour l'avoir recueilli par le passé. Et, leur différence de force était évidente. Law aurait beau fuir, et se cacher, il les rattraperait, et lui arracherait la séduisante brune avant qu'il ne soit trop tard.

Fort heureusement pour lui, la nature froide de Law jouait en sa faveur. Law n'appréciait pas particulièrement la compagnie, même féminine. Oh ! Certes, il plaisait aux femmes et usait de son charme pour obtenir leurs attentions. Après tout, il était un homme de chair et de sang avec ses propres besoins. Mais, il n'était pas du genre romantique ni sentimental. Il ne s'attachait pas aux gens.

À cette pensée, Doflamingo sourit de toutes ses dents. Law ignorait tout de la jeune fille qu'il avait prise sur son sous-marin. Et ce détail, aussi infime fût-il, jouait en sa faveur. Il allait le retrouver, il le savait !

Trafalgar Law poussa le lourd battant de la cellule. Et aussitôt qu'il foula le sol de la geôle, il se figea. Une sensation étrange le gagna. La main, toujours sur la poignée, il plissa les yeux et fouilla la pièce du regard. Vide... Impossible !! Comment était-elle parvenue à sortir alors que la porte était verrouillée ? Et il était le seul à en posséder la clé. Il devait la retrouver rapidement avant que l'un de ses hommes ne la croise. Cela voulait également dire qu'il devrait agir seul pour la retrouver.

Vivement, il se détourna et partit d'un pas vif dans le dédale de couloirs étroits à la recherche d'une personne potentiellement dangereuse. Il ne savait rien d'elle et jusqu'à hier, il pensait qu'il s'agissait d'un adolescent. Certes, il était celui qui l'avait obligée à se joindre à lui. Enfin, il devrait plutôt dire kidnappée...

Et en cet instant, seule dans le navire, elle était une menace qu'il se devait de maîtriser rapidement.

Les mains dans les poches de son jean, il marchait lentement dans les couloirs, s'arrêtant de temps à autre devant une porte, une intersection... Il ne se pressait pas. Il n'était pas du genre à paniquer... Mais peut-être le devait-il, au fond ?

La jeune fille se faufilait d'un corridor à l'autre, évitant chacune des personnes qu'elle rencontrait. Elle ne devait pas se faire repérer où elle retournerait illico dans sa prison. Non, elle ne pouvait pas se permettre de rester ici plus longtemps. Elle regagnerait le navire de la marine coûte que coûte !

Elle atteignit une bifurcation et se plaqua le dos contre le mur en entendant des bruits de voix. Mince ! Les personnes venaient dans sa direction. Elle devait se cacher au plus vite. Paniquée, le cœur battant à vive allure, elle regarda autour d'elle, cherchant une cachette. Mais, il n'y avait nulle part où se planquer.

Shachi et Penguin qui avaient quitté le réfectoire se dirigeaient à présent, vers la salle des machines. Ils devaient vérifier le bon fonctionnement du moteur. Ils devisaient tranquillement ignorant que quelqu'un les suivait des yeux.

Shachi s'impatientait de pouvoir mettre de nouveau le pied sur la terre ferme. Il ne se cachait pas du fait que la compagnie féminine commençait sérieusement à lui manquer. Après tout, il était un homme ! Penguin sourit. Il comprenait parfaitement son meilleur ami. Car, même s'il ne souffrait pas du même besoin intense que ce dernier, il ne refuserait pas un peu de la tendresse d'une fille.



"À combien de jours sommes-nous de la prochaine île ? s'enquit alors Shachi.

– Quatre jours si les conditions de navigation restent les mêmes.

– Qu'est-ce qui pourrait changer ? Nous sommes à des milliers de mètres sous la profondeur.

– Ah ouais ? Et une panne ? T'y as pensé ? Une attaque ! Imagine que Doflamingo nous retrouve !


Shachi se figea instantanément si bien que Penguin s'arrêta et se retourna pour le regarder. Son ami avait pâli dangereusement.


– Ne dis pas ça ! Tu vas nous porter la poisse !"

Penguin ricana avant de le rassurer. Leur capitaine veillait et il mettrait tout en œuvre pour éviter une confrontation avec le Shichibukaï.

Tout en se moquant de son compagnon, Penguin s'éloigna. Shachi ronchonnait derrière lui, mais le suivit.

Ils disparurent derrière une porte au fond du couloir. La ravissante brune, dont les cheveux avaient recouvré une coupe masculine, descendit de son perchoir. Elle s'était cachée au-dessus des divers tuyaux qui serpentaient au plafond.

Bon en tout cas, cela réduisait les possibilités d'évasion. Dans quelle direction aller ? Hors de question de revenir sur ses pas ! Elle risquait fort de tomber sur leur capitaine. Elle imaginait sans peine son regard d'acier brillant de colère et le pli sévère de ses lèvres. Non, inutile de se confronter inutilement à cet individu ! Surtout qu'elle commençait à manquer de force. Elle devrait donc s'économiser un maximum.

Elle poursuivit sa route, tentant de trouver un moyen de sortir de là sans avoir à combattre lorsqu'après plusieurs minutes, elle s'arrêta à l'angle d'un couloir. Cette fois, elle avait suivi la bonne odeur qui titillait ses narines depuis un moment. Une voix masculine s'éleva non loin d'elle et elle se plaqua contre le mur le souffle court et le cœur battant. Elle jeta un rapide coup d'œil. Comble de malchance, son estomac lui rappela qu'elle n'avait rien avalé depuis la veille.

Hélas, ce seul grognement attira l'attention de l'individu qui quittait la cafétéria. Elle se maudissait et serra les poings, prête à l'assommer lorsqu'une main tatouée recouvrit sa bouche alors qu'un bras se glissait autour de sa taille et la soulevait du sol. Elle commença à se débattre, mais elle cessa aussitôt dès qu'elle entendit :

" À ta place, miss, je me calmerai immédiatement sauf si tu préfères que je te laisse aux mains de mes hommes."

Cette voix... Inutile d'ignorer la menace sous-jacente dans le timbre profond de sa voix. Il la menaçait implicitement. Elle porta ses doigts à ceux de son kidnappeur, l'agrippa et tenta de s'en défaire, en vain.

Elle abandonna toute velléité de résistance, résignée. Elle sentit alors qu'il la traînait avec lui vers une destination inconnue.