Chapitre 19 : Un adversaire coriace

Le bar grouillait de pirates qui faisaient une escale temporaire en ville. Assis, seul, au comptoir, Law ne leur prêta aucune attention, se focalisant uniquement sur le contenu de son verre. Il fit tourner ce dernier entre ses doigts, faisant teinter les glaçons contre les bords. En cet instant, il ne voulait qu'une chose, des explications concernant sa curieuse nouvelle camarade. Camarade... ? Prisonnière... ? Il ne savait plus trop quoi penser de tout cela...
La seule chose dont il avait conscience, en tout cas, était qu'elle représentait beaucoup aux yeux de Doflamingo. Au besoin, il pourrait se servir d'elle contre lui... Mais, l'idée de la lui céder l'agaçait. Non ! Les seules options qui lui restaient étaient de la garder avec lui ou bien de l'abandonner sur la première île.
Première île... ? Il esquissa un maigre sourire. Ils étaient sur la première île justement... Alors que devait-il faire ? La garder avec lui, lui causerait beaucoup de problèmes notamment avec le shichibukai, mais aussi avec certains de ses hommes.
Énervé, il porta vivement son verre à ses lèvres et but une gorgée du liquide ambré qui lui brûla la gorge. Il le déposa avec force attirant les regards sur sa personne.
- Tu me sembles bien énervé, fit une voix à sa droite.
Énervé ?! C'était un euphémisme ! Se dit-il tandis qu'il tournait lentement le visage vers son voisin. Lorsqu'il posa ses prunelles acier sur ce dernier, ses yeux s'écarquillèrent de surprise. Il ne s'attendait pas à le trouver ici !
- Silver Rayleigh... Que fait le seigneur des ténèbres, ici ?
- Pas si fort, fit le vieil homme avec gravité.
Il ne tenait pas à se faire remarquer. Law reporta son attention sur son verre et soupira une fois de plus.
- Vu ta tête, je devine que Victoria doit se montrer toujours aussi inconsciente. Je me trompe ?
Ce prénom... Le chirurgien redressa le visage et scruta le vieil homme. Comment savait-il ? Comment avait-il eu connaissance que cette fille était avec lui ? Etait-ce la marine ? Non, il doutait que ce vieux fourbe soit à la solde du gouvernement.
- Oh, ça c'est un regard qui veut dire « comment tu sais ? », fit-il railleur.
Law assimila les nouvelles données et joua un court moment avec son verre avant de le vider d'une traite. Là, sans un regard, il demanda :
- Comment la connais tu ?
Rayleigh sourit, rêveur. Un court moment, ses pensées se portèrent vers des souvenirs doux et bienheureux, à une époque où il s'imaginait encore qu'ils seraient toujours ensemble. Mais... Le destin se montrait parfois bien cruel...
- J'ignorais que tu étais un "D"..., commenta le vieil homme, d'un air absent.
- Comment... ?
- Allons ailleurs, si tu veux des réponses.
Puis sans attendre, le seigneur des ténèbres se leva et s'éloigna. Le jeune pirate hésita quelques instants avant de payer son verre et de lui emboîter le pas. Si cet homme pouvait l'éclairer au sujet de cette fille, il le suivrait n'importe où, même en enfer !
***
Le chaos régnait sur le pont du sous-marin. Peu de temps après le départ du capitaine, une silhouette sombre s'était faufilée à bord.
Et lorsque Bepo jaillit du sous-marin, il se figea instantanément. Les yeux ronds d'effroi, il considéra le spectacle qui s'offrait à lui.
Là, sur le pont de bois, les membres de l'équipage demeurés à bord gisaient inconscients et blessés sur le sol. De cette scène, Bepo ne voyait que ses précieux camarades agonisants aux pieds de l'ennemi. Son regard se porta alors sur la haute silhouette qui se dressait à quelques pas de lui, vêtu d'une aube noire, le visage dissimulé sous une capuche.
La colère gronda en lui et ne se maîtrisant plus, il bondit sur l'inconnu.
Comment osait-il s'en prendre à ses précieux nakamas ?! Il allait lui faire regretter ses actions. Si seulement le capitaine avait été là, pensa-t-il, une telle chose ne se serait pas produite !
Bepo maîtrisait les arts martiaux et comptait sur ce talent pour mettre son ennemi au tapis. Il fondit tel un fauve sur sa proie, et décocha un violent coup de pieds (voir de pattes) à la tête de son adversaire.
Vif comme l'éclair, ce dernier esquiva le coup en rejetant le visage vers l'arrière. Bepo enchaîna alors les coups de pieds et de poings les uns après les autres. Il le faisait avec une vitesse effarante. Hélas, là encore l'homme en noir parait toutes ses attaques.
En face de lui, l'homme jaugeait son adversaire, se contentant de défendre. Il était bien trop faible pour pouvoir l'inquiéter.
Mais, ce fut à l'instant où il se perdit dans ses constatations que Bepo sauta dans les airs, les pattes en avant, toutes griffes dehors.
L'homme eut tout juste le temps d'esquiver, mais malgré cela, les griffes acérées atteignirent son visage. Un liquide chaud coula le long de sa joue meurtrie.
Conscient d'avoir un petit avantage, l'ours enchaîna ses attaques forçant l'ennemi à reculer.
Comment osait-il ? Ce n'était qu'un ours ! Il allait le tuer ici et maintenant ! Tant pis pour les ordres !
Bepo tenta de frapper à l'estomac, mais l'ennemi se déplaça sur le côté, et le frappa du poing dans le dos l'envoyant heurter violemment le sol. Une plainte sourde passa les lèvres de l'animal.
L'ennemi fit quelques pas dans sa direction avant de s'arrêter à quelques pas afin de lui laisser le temps de se redresser. Il essuya le sang sur sa joue et considéra silencieusement ses doigts avant de grimacer de dégoût.
Bepo se remit péniblement sur pieds et se tourna vers son adversaire.
- Tu es tenace, commenta l'homme en noir.
- Désolé..., fit Bepo en s'inclinant devant son vis-à-vis.
Cette attitude eut pour effet de sidérer son adversaire. Voilà qui était nouveau : un ennemi qui s'excusait face à ce qui pouvait être un compliment.
Il éclata alors de rire, provocant l'incompréhension du Mink. Ce dernier ne savait pas du tout ce qu'il se passait.
- Tu es marrant toi, fit-il en redevant sérieux. malheureusement, je vais devoir t'éliminer.
Bepo ne releva pas. Le tuer ?! Il l'avait bien compris... Il prit de nouveau appui et bondit en avant, il asséna un coup de pied, puis un autre. Tous furent parés avec une dextérité qui ne le surprenait plus. Il essaya alors un coup de poing. Son adversaire se déporta sur la droite, esquiva et il décocha un coup au visage de l'ours.
L'impact fut tellement violent que Bepo alla heurter de plein fouet le bastingage. Etourdi, il ne se relevait pas. Il entendait le clapotis de l'eau contre la coque du sous-marin, le cri des mouettes au port, mais la force de se redresser lui manquait.
Un bruit de pas sur le pont s'éleva et lui indiqua qu'il approchait calmement. Puis, une paire de chaussures se dessina dans son champ de vision. Que faire ? Il ne parvenait plus à bouger...
L'individu s'immobilisa devant l'ours, toujours à terre, il ne bougeait plus... Il le saisit alors par la fourrure de son crâne et le souleva à la force d'un seul bras. Bepo grimaça de douleur et s'agita comme pour se dégager. En vain...
- Tu peux être fier de toi, tu es le seul de ton équipage a être parvenu à me blesser. Malheureusement pour toi, cela signifie aussi que je vais te tuer sur-le-champ.
Inutile de le préciser, songea l'ours, après tout, c'était ton but dès le départ.
Le souffle court, Bepo affronta les yeux sombres de son ennemi. Il le vit brandir le poing, reculer le bras vers l'arrière comme pour prendre plus de vitesse voir de force. Sa main ressemblait à une lame, en cet instant. Et tout à coup, il abattit sa main vers l'avant.
Du sang jaillit et se répandit sur le pont et tout autour de Bepo. Le bruit sourd d'un corps qui s'effondre s'éleva sur le sous-marin.
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