Doucement, le soldat replaça sa casquette sur sa tête d'un air satisfait. Il vérifia sa tenue dans le miroir et opina du chef avec satisfaction. Il jeta, ensuite, un rapide coup d'œil par la fenêtre de la petite cabine que le commandant lui avait octroyée pour le voyage jusqu'à Dressrosa.

Le temps était au beau fixe ce matin. Un soleil radieux brillait sur l'océan et appelait à la détente sur le pont. Il vit une mouette, planer quelques instants aux côtés du navire avant de s'éloigner à tir d'ailes. Avec un soupir, il se détourna et marcha pour la seconde fois vers le miroir sur pieds dans un coin de la chambre et observa son reflet d'un regard scrutateur.

Il arborait l'uniforme blanc et bleu de la marine. Il était de carrure plutôt fine et élancée ce qui lui conférait un aspect efféminé. D'ailleurs, lors de son premier jour sur le bateau, les autres marines l'avaient énormément taquiné à ce propos. Or, préférant ne pas se laisser démoraliser par leurs boutades, il avait choisi de faire la sourde oreille.

Il avait le teint pâle, malgré le temps passé sous le soleil à bord d'un navire. Ses grands yeux verts en amande ressortaient donc de manière intense et il avait l'impression désagréable de ne voir que ses pupilles à la teinte émeraude. Une couleur très inhabituelle et qui attirait un bon nombre de regards et d'intérêt.

Il abaissa alors ses prunelles claires sur ses lèvres. Elles étaient fines et parfaitement dessinées. Il demeura ainsi à les fixer alors qu'une scène se déroulait dans l'écran de ses souvenirs. La silhouette de deux jeunes gens échangeant un baiser au coucher de soleil.

Machinalement, il porta ses doigts à sa bouche comme pour mieux retenir la sensation de ce simple baiser, alors qu'une larme qu'il s'empressa d'essuyer du revers de la main roulait sur son visage. Il n'avait guère le temps de se morfondre sur le passé. À présent, il devait avancer vers le futur qu'il avait choisi.

C'est alors que des bruits d'épées et des cris retentirent sur le bateau. Surpris, par ce brouhaha inattendu, le jeune marine s'approcha de la porte de sa cabine et l'entrouvrit, jetant un rapide coup d'œil à l'extérieur.

Là sur le pont, les soldats faisaient face à un assaut ennemi. Il tenta de les compter. De ce qu'il pouvait voir de sa place, il n'y avait pas beaucoup d'ennemis. Cependant, il s'interrogea sur les raisons qui avaient poussé ces criminels à aborder un vaisseau de la marine. En effet, en temps normal, ils évitaient plutôt d'avoir affaire à eux.

Il referma délicatement le battant de bois et se retourna, pensif. Il devait agir rapidement. Promenant ses yeux clairs sur la pièce, il chercha une arme quelconque afin de se défendre. D'ordinaire, il ne se battait pas, avait même cela en horreur, mais aujourd'hui serait différent. Il refusait de laisser ces forbans nuire à son précieux plan.

Sur le pont, les marines luttaient contre des adversaires redoutables. Il ne s'agissait pas de n'importe quel équipage, mais de celui de l'un des Supernovas : Trafalgar Law. De plus, il n'y avait là que quatre d'entre eux, dont le capitaine, combattant réputé cruel et émérite. Ce dernier combattait le commandant qu'il ne tarda pas à mettre à terre en quelques instants.

En l'espace d'une poignée de minutes, les marines se retrouvèrent pieds et poings liés, agenouillés sur le sol. Trois pirates surveillaient les prisonniers lorsque le quatrième sortit de la cabine du maître de bord. Il marchait d'une démarche souple et lente, tenant à la main une liasse de feuilles qu'il parcourut rapidement.

Il s'agissait d'un jeune homme mince et de taille moyenne, arborant un sweat jaune à capuche avec un Jolly Roger dessus. Le même que sur les combinaisons de ses nakamas. Il avait les cheveux noirs masqués en partie par le chapeau de fourrure blanc tacheté de noir. À chacune de ses oreilles, on voyait deux boucles dorées. Son pantalon était marqué de petites taches de la couleur de son bouc rappelant un léopard. Il avait les traits fins et anguleux. Des yeux gris acérés venaient de se lever pour toiser les prisonniers avec froideur. Des cernes légers ombraient son regard à l'expression indéchiffrable tandis que les lettres « D.E.A.T.H. » (Mort en anglais) étaient tatouées sur les doigts de sa main. À défaut d'une lettre par phalange.

Il s'immobilisa à quelques pas des captifs et les dévisagea à tour de rôle. Il semblait fortement contrarié. Secouant les documents qu'il avait entre ses dactyles avant de les laisser choir devant lui, le ténébreux interrogea d'une voix ferme et impérieuse :

"Où est la marchandise que vous devez livrer à Dressrosa ?"

Le commandant tressaillit en réalisant les motivations de ces pirates. Ils convoitaient la seule chose que personne ne souhaitait voir tomber, de nouveau, entre les mains des brigands dans leur genre. Il se pinça la lèvre inférieure, rechignant tout de même à répondre. S'il ne le faisait pas, s'il ne lui révélait pas l'information qu'il désirait, ce type n'hésiterait pas à tuer tous les soldats présents. Il le ferait sans l'ombre d'une hésitation ni de regrets. Après tout, n'était-il pas réputé pour sa cruauté ?

L'officier leva le visage vers l'ennemi de la marine et le toisa, glacial, avant de lâcher avec aplomb :

" Je ne sais pas de quoi tu parles, Trafalgar Law !

Le pirate esquissa un sourire en coin, mauvais et qui ne laissait rien présager de bon. Il pencha un peu la tête sur le côté et observa avec calme et froideur :

– Tiens donc ?! Pourtant, les registres disent le contraire... Tiens-tu si peu à ta vie et à celle de tes hommes... ?

Il avait susurré ces mots ce qui provoqua un frisson le long de l'épine dorsale du reste de l'équipage. Ils entendirent alors un bruit métallique, le frottement d'une lame... Vivement, l'officier releva le visage et vit le pirate sortir son sabre de son fourreau.

– Dernier avertissement, commandant, parlez ou vous mourrez avec vos subordonnés.

Le gradé serra les poings si forts que les jointures de ses doigts en blanchirent. Il savait parfaitement que, quelle que soit sa décision, la mort en serait l'issue. En effet, car ce qu'il devait livrer était destiné à bien plus redoutable et plus cruel que lui : Doflamingo Donquichotte.

Il secoua la tête et la baissa en répétant :

– Fais ce que tu as à faire... Même si je te le dis, nous mourrons... Alors, je ne parlerai pas...

– Donc, tu as menti. Ce que je cherche se trouve bel et bien à bord, conclut le pirate, un sourire froid aux lèvres.

La peur assaillit les marines et ils prièrent pour leur salut. Comme tout le monde en cette terre, ils craignaient de perdre la vie. Hélas, ils se devinaient tous impuissants face à ce genre d'adversaires.

– Mais, je vais exaucer ton souhait et abréger tes souffrances..."

Il lâcha le fourreau qui tomba dans un bruit sourd sur le sol et brandit sa lame au-dessus de l'officier. Ce dernier soutint courageusement le regard froid de son vis-à-vis, refusant de se montrer faible face à la mort.

Il abattit son arme d'un coup vif et violent qui n'atteignit, cependant, jamais sa cible. Au lieu d'un hurlement de douleur et d'agonie, ce fut le cliquetis métallique de deux katanas s'entrechoquant qui s'éleva autour d'eux. Law battit des paupières avant de réaliser qu'un marine venait de s'interposer parant son attaque. Avait-il perdu l'esprit ? Se demanda-t-il.

Un genou à terre, et l'autre jambe pliée, le jeune soldat avait bloqué le sabre de l'agresseur de son supérieur. Lentement, il redressa la tête et un sourire moqueur aux lèvres, défia Trafalgar Law.