Chapitre 2 : Rupture

— Même si tu effaces ce qui me lie à Law, mon âme restera sienne ! », cracha-t-elle avec force.
À ces mots, une veine palpita sur la tempe du shichibukaï dont les longs doigts ayant commencé une lente descente du menton vers le cou se figèrent. Mettant un terme abrupt à cette caresse anodine, il la souleva de terre sans douceur, à la force d’un seul bras.
Aussitôt, retrouvant toutes les facultés de son corps, elle se débattit avec force, agitant pieds et mains, espérant ainsi lui porter un coup l’obligeant à la libérer. Or, rien de tel ne se produisit et lorsqu’il se décida enfin à la poser, ce fut pour la jeter comme une malpropre sur le matelas de son lit. Rebondissant sur ce dernier, tel un félin, elle se retrouva sur les genoux, les cheveux en pagaille. Le souffle court et le cœur battant, elle ne le quittait pas de son regard assassin, espérant malgré tout, malgré la certitude profonde qu’elle ne lui échapperait pas, qu’elle pourrait fuir.
Articulant calmement ses phalanges, tel un pianiste émérite, le corsaire, de ses fils invisibles, obligea la jeune fille à s’allonger sur le dos à même les draps noirs. La ligotant étroitement, lui retirant toute velléité de résistance, Doflamingo la rejoignit finalement. Se plaçant au-dessus de la petite brune apeurée, contenant à grand-peine les larmes menaçant de couler à tout instant, il se fendit d’un large sourire tout en parcourant le corps juvénile offert à sa concupiscence d’un regard appréciateur.
« Tsuka li mi ame nio.
À ces mots, l’adolescente aux yeux embués de larmes secoua vigoureusement la tête de droite et de gauche alors que du fond de ses entrailles, un cri s’élevait :
— Jamais je ne me soumettrai à une ordure telle que toi ! »
« Quelle erreur ! » pensa-t-elle aussitôt en rentrant la tête dans les épaules tandis qu’une aura noire enveloppait le blond. De toute évidence, ses dernières paroles ne passaient pas crème.
Furieux ?! Oh oui, il l’était et autant dire que cette peste ne perdait rien pour attendre ! Elle osait prétendre que Law lui était supérieur ?! Fort bien, elle allait regretter ces mots et goûter à sa vengeance.
Sans attendre, il la libéra de ses entraves, la souleva, et malgré ses cris de protestation, il l’entraîna vers la baie vitrée qui s’ouvrit au son de la voix masculine. Sortant sur la terrasse, ne faisant aucun cas de la résistance de sa prisonnière, il bondit dans le vide, se laissant tomber sur plusieurs mètres avant de s’accrocher aux nuages.
Il se déplaça ainsi pendant plusieurs minutes, avant d’atteindre une île à la végétation luxuriante et portant le nom de Green Beat. Là, ici, en ce lieu reculé et sauvage, il allait dompter cette tigresse lui opposant autant de résistance, car bien entendu, elle plierait, il le savait. Il userait de la force, mais obtiendrait ce qu’il avait toujours voulu. Les dés en étaient jetés…
La laissant choir sur le sable, elle émit un son plaintif avant de lever les yeux vers l’homme la surplombant. Le cœur battant et le souffle court, la jeune fille ne fut guère longue à comprendre ce qui allait suivre, mais il n’était pas dit qu’elle céderait sans se battre. Alors, s’éloignant en rampant sur le sable chaud de la plage se dirigeant vers les vagues s’échouant sur la côte, sans jamais le quitter de ses prunelles empreintes de crainte, elle fut bien vite immobilisée par le pouvoir du plumeau dont l’expression carnassière s’accentua bien davantage.
« Na toï ni pak…
Marquant un temps d’arrêt, suspendant sa main s’approchant de sa proie, il l’examina avant de tomber à genoux devant elle, au-dessus d’elle et d’agripper sa longue chevelure d’ébène de ses longs doigts, qu’il tira sans douceur, la forçant à approcher son visage du sien, avant d’écraser sa bouche de la sienne. Victoria lui refusait l’accès de cette dernière, si bien qu’énervé, il tira sans douceur sur ses cheveux. Ouvrant instinctivement la bouche, gémissant sous la douleur, elle permit sans le vouloir au démon de l’embrasser.
Les yeux clos, les larmes silencieuses coulant sur ses joues, ses pensées désespérément accrochées au visage d’un chirurgien sexy et sadique, Victoria subit l’assaut impérieux de la bouche du flamant. Toutefois, lorsque s’écartant pour lui permettre de reprendre son souffle, elle assena, acide :
— Law embrasse bien mieux que toi !
Law ?! Encore et toujours ce prénom qui revenait dans cette bouche indisciplinée. Bien, puisqu’elle le prenait ainsi, il allait lui démontrer ce qu’il en coûtait de le provoquer de la sorte. Et sans attendre, ni même une explication, il abattit vivement sa large main sur sa joue.
— Prononce encore une fois son nom, et je me ferai une joie incommensurable de le traquer et de le tuer à petit feu… »
Des mots haineux qui résonnèrent telle une promesse cruelle aux oreilles de la jeune fille dont les larmes coulaient abondamment, intarissables…
La tête lui tournait, alors que sa joue la brûlait atrocement. La peur la dévorait tel un serpent avide et vicieux de l’intérieur. Tirant dès lors de plus belle sur les liens la retenant, entaillant sa chair, mais n’en ayant cure, elle n’eut plus qu’un seul désir : fuir, échapper à ce monstre, à cette ordure, qui contrairement à Trafalgar, ne rechignerait point à s’approprier son corps.
Réalisant le danger imminent, tirant encore et encore sur ses entraves, alors que des larmes perlaient à ces cils. Fines gouttelettes salées qui pourtant refusèrent de couler, se contentant de scintiller à la lueur des derniers rayons de l’astre diurne. C’était comme si le soleil, en se cachant, laissant place aux ténèbres, sonnait le glas de la jeune fille, annonciateur d’un sombre destin.
Tout sourire, s’amusant des efforts pourtant vains de sa captive, Doflamingo s’étant redressé quelque peu se défit calmement de ses vêtements. Après tout, pourquoi se presser ? N’était-elle point à sa merci ? Se tortillant en tout sens, tirant, luttant contre cette force invisible la réduisant à l’immobilité, Victoria ne faisait qu’exacerber le désir grandissant de Doflamingo. Il se plaisait à faire souffrir ses proies, les torturer aussi bien mentalement que physiquement. Sauf, qu’il devait bien l’admettre avec cette petite chose, soumise à sa volonté, les choses seraient quelque peu différentes… Oh oui, bien différentes, car cette gamine servirait ses projets dans un futur proche. Et si pour la soumettre, il devait la briser, il le ferait… mais pour l’heure, se passant une langue affamée sur les lèvres, il se défit, sans la lâcher un seul instant du regard, de ses rares vêtements.
Victoria blêmit alors que son bourreau se mettait à nu devant elle. La malheureuse se sentait déjà dans un état indescriptible. Et plus le temps passait plus la souffrance concernant son appréhension atteignait des points vertigineux, si bien que Doffy en conclut que ses gestes peu rassurants ne risquaient en rien d’amoindrir sa peur. Lui prenant le menton avec force pour la forcer à le regarder afin qu’elle comprenne bien à qui elle avait affaire, il lâcha, sérieux et tranchant :
« Tes jérémiades ne changeront rien, calme-toi.
Faisant glisser, telle une caresse voluptueuse, son regard sur le corps dénudé de sa victime, il ajouta comme pour mieux confirmer :
— Alors comme ça je serais ton premier… fufufufu… très bien. »
Et se plaçant d’autorité entre les cuisses de la jeune fille, se collant aux portes de son intimité sans la quitter du regard, savourant la terreur animant les prunelles vertes. Oui, il aimait lire la terreur qu’il inspirait au fond des yeux, sur les visages, et elle n’échappait en rien à la règle. Elle était sa proie, sa victime…
Horrifiée, s’acharnant sur les fils la retenant, Victoria tira encore et encore, secouant la tête en signe de refus lorsque, d’un seul coup, vif et brutal, il s’engouffra dans les chairs tendres de l’intimité de l’adolescente lui arrachant un hurlement de douleur. Rejetant la tête en arrière, les larmes aux yeux, Victoria fut ébranlée par la souffrance soudaine et incommensurable qu’il lui imposait.
Sous le choc, elle s’était figée, raidie, pour tenter ensuite de se dégager, l’écarter d’elle, tant la douleur lui était insoutenable. Pourquoi ? Pourquoi lui faisait-il une chose pareille ? Certes, le provoquer de manière à ce qu’il soit énervé n’était pas la meilleure chose à faire, elle le savait. Elle tenta en vint de l’arrêter, de le repousser tirant sur ses entraves, car les fils entrelacés sur ses membres et son corps l’empêchaient de faire tout mouvement contraire à la volonté du flamant. Elle criait de douleur sous les assauts du Roi, les larmes roulant sur ses joues, se perdant dans ses cheveux. Hurlements et suppliques qui n’avaient aucun effet sur Doflamingo, sauf, sans doute, celui de l’exciter davantage. En cet instant, ce dernier n’avait plus qu’un seul but, l’assouvissement de son objectif premier. Et elle était toute à lui… Totalement ravi, il l’agrippa fermement contre lui malgré la désapprobation de Vic se faisant sentir. Cette dernière serrait les dents, le regard ombragé et les larmes de ses pleurs silencieux en conséquence, aux à-coups de son partenaire se faisant de plus en plus brutaux. Le sang, finissant par couler de manière abondante lors de cette fusion animale, gravait une expérience de plus dans l’esprit de l’adolescente, la faisant, dès lors, devenir une femme. Doflamingo se délectait de cet instant qu’il désirait depuis de nombreuses années. Enfin il pouvait l’accomplir, atteindre une étape pour enchaîner avec la suivante. Et cela, jusqu’à pouvoir atteindre ses limites, afin de lui faire comprendre que sa lutte contre cette vérité qu’il lui avait apprise plus tôt était perdue d’avance. Il reprit la parole, en ce moment crucial, marquant dorénavant un futur prochain.
« Enyo tsu midack... », prononça-t-il en posant ses lèvres sur les siennes, avant de l’embrasser avec profondeur et domination totale, détruisant le lien partiel et le remplaçant par un nouveau bien plus fort.
Ce ne fut qu’à ce moment que Doflamingo la libéra de l’emprise de ses fils, conscient que ce qu’il venait de lui infliger risquait fort de la marquer fort longtemps. Mais, peu lui importait. Il avait prévu de se montrer plus doux avec elle ; or il avait fallu qu’elle le provoque, aiguisant sa colère. Il la scruta attentivement. Des larmes coulaient encore silencieusement le long de ses joues marbrant sa peau claire. Mais, il nota également qu’elle gardait les yeux clos comme si par cette simple action, elle réfutait cet acte ignoble qu’il venait de lui imposer. Mais aussi, son existence tout entière.
Se rhabillant succinctement, il remarqua alors la marque qui se dessinait sur son flanc droit. Les arabesques virevoltaient s’entrelaçant jusqu’en dessous du pectoral droit en encre dorée. Il observa les lignes étranges avant d’achever de se vêtir. Il savait de par ses recherches que cela prouvait le lien existant entre eux. Il sourit de toutes ses dents, satisfait, d’être parvenu au bon déroulement de l’une des parties de son projet. Écartant les pans de sa chemise, il constata que la marque devenait noire une fois complète avant de finalement s’effacer. Il fronça les sourcils, intrigué. Cela ne devait pas se produire. Alors pourquoi ? S’il supplantait le lien existant, il devait en avoir la preuve gravée sur sa chair. Il abaissa les yeux sur la jeune fille, désireux de la questionner. Cependant, il devrait attendre, il le savait… Précautionneusement, il souleva la fine silhouette entre ses bras puissants et musclés avant de la ramener au palais par la voie des airs. Les questions attendraient…

Le roi de Dressrosa regagna sa chambre portant son fardeau. D’un pas alerte, Doflamingo se dirigea vers le grand bassin dans un coin de sa chambre. Avec lenteur, il abaissa les yeux sur la jeune fille tremblante contre lui. Elle pleurait encore, les yeux clos, le corps secoué par de violents spasmes. Il remarqua alors ses petites mains crispées au point que les jointures de ses doigts en blanchissaient.
Sans attendre, il entra dans l’eau chaude sans même se dévêtir. S’asseyant contre le bord, il garda le corps frêle et tremblotant contre le sien, l’immergeant jusqu’au cou. Il espérait que tout comme pour lui, l’eau finirait par apaiser ses sens. Sans la libérer, il la maintint contre lui, tout d’abord, afin qu’elle ne se noie pas. Ce ne fut qu’après quelques minutes qu’il la fit flotter sans la lâcher, ses longs cheveux noirs, baignant et ondulant tout autour de leur corps. Tendant ses longs doigts, les glissant au travers des mèches sombres, ce fut avec stupéfaction qu’il les vit virer au blanc. Comment ? Pourquoi ? Néanmoins, il abandonna bien vite ces questions superflues, pour se focaliser entièrement sur Victoria.
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