Chapitre 1 : Captive du flamant

Avant de commencer la lecture de cette fiction, je vous conseille si ce n'est pas déjà fait de lire "Liés par le destin" du moins jusqu'au chapitre 42 afin de mieux comprendre l'histoire.
Et puis... Bonne lecture ^^
Le silence régnait dans la pièce, seul bruit régulier et témoignant d’une présence : une respiration calme et légère dont la propriétaire, une jeune fille aux longs cheveux d’ébène, souleva lentement les paupières.
Hagarde, encore à demi endormie, elle promena ses prunelles émeraude à la teinte profonde sur le plafond la surplombant. Ce ne fut qu’à cet instant, qu’elle comprit que quelque chose clochait. Pas gris. Pas blanc. Non…, au-dessus d’elle, il y avait un dôme de verre donnant vue sur le ciel coloré des tons chatoyants d’un coucher de soleil.
Se redressant vivement, le cœur s’emballant brusquement dans la poitrine, faisant de ce fait tomber le drap la recouvrant, elle découvrit avec stupéfaction qu’elle était nue ! Dépourvue du moindre vêtement… Que s’était-il passé ? La question se mit à tourner en boucle dans sa tête alors qu’une sourde angoisse grondait en elle, lui nouant les entrailles. Redoutant dès lors pour le lien l’unissant à Trafalgar Law, elle examina son bras.
Ce fut avec un réel soulagement qu’elle avisa des arabesques sur ce dernier. Soupirant, elle fouilla alors ses souvenirs à la recherche d’informations pouvant expliquer sa présence en ce lieu. Et tandis que de ses prunelles émeraude elle inspecta la grande pièce, elle se rappela les faits. Se pinçant la lèvre inférieure, tout en se demandant où elle avait pu atterrir, elle tenta d’user de ses dons, en vain, signe que le sceau était toujours en place.
La chambre était vaste et luxueuse comme en témoignait le marbre noir parcouru de sillons dorés sur le sol. De part et d’autre, de colossales colonnes de pierre magnifiquement sculptées se dressaient afin de soutenir le plafond. Au fond sur sa gauche, il y avait un bassin aux proportions gigantesques, faisant assurément office de baignoire, d’ailleurs, le bruit des remous dans cette dernière lui parvenait de manière fort distincte.
Sur la droite, d’immenses baies vitrées occupaient tout un pan de mur, s’ouvrant sur une terrasse à la balustrade blanche et donnant une vue imprenable sur l’océan. Il y avait également en face d’elle un modeste coin salon dans la pénombre dans lequel des fauteuils et un divan avaient été disposés devant une petite table de verre aux pieds sculptés d’une sirène d’or.
Cet endroit irradiait de richesse si bien que la jeune femme ne pouvait que s’interroger sur l’identité du maître des lieux, enfin jusqu’à ce que son regard soit amené à se poser sur quelque chose de précis. Oui, là, à quelques enjambées seulement du lit, abandonné sur l’un des sièges, il y avait quelque chose qu’elle ne saurait jamais effacer de sa mémoire. Non ! Impossible ! Cela ne pouvait pas être ça ! Pas vrai ?! Elle se trompait, ce n’était guère possible autrement ! Et pourtant…
Quittant l’immense lit double aux draps de satin donnant vue sur sa fine silhouette dénudée, elle se dirigea d’une démarche incertaine vers la chose ayant capté son attention alors que dans sa poitrine son cœur cognait à tout rompre.
Et lorsqu’elle arriva finalement devant le fauteuil, elle pâlit bien davantage. Aucun doute possible ! Elle tendit la main et en effleura la texture particulière avant de retirer ses doigts comme brûlée par ce simple contact. Il s’agissait bien là du manteau du flamant rose, sa marque de fabrique. Reculant d’un pas, puis d’un autre, la peur la dévorant telle une déferlante, elle recula de quelques pas, regarda autour d’elle, réalisant subitement, qu’elle était en danger. Oui, en danger ! Elle avait conscience que face à ce monstre, dépourvu de ses capacités, même amoindries, elle ne saurait point lui tenir tête.
N’écoutant plus que la terreur l’assaillant, elle se rua vers le lit lorsque dans son dos, le battant s’ouvrit lentement, sonnant le glas de sa tranquillité. Se raidissant instinctivement, le souffle se bloquant au fond de sa trachée, elle pivota doucement vers le nouveau venu. Et comme elle le supposait, là, dans l’encadrement de la porte, les yeux dissimulés par ses étranges lunettes aux verres teintés posés sur son corps nu, il esquissa un large sourire carnassier.
Pourtant, ce fut sans un mot qu’il referma le battant derrière lui avant de s’approcher de l’adolescente de quelques pas de sa démarche en canard. Là, s’arrêtant face à sa proie, il détailla sa silhouette sans la moindre vergogne. Il nota, cependant, la crainte dans ses pupilles et s’en amusa. Après tout, cela n’avait rien de surprenant, il s’y attendait même, tout comme il avait conscience qu’une lutte ne tarderait pas à éclater. D’ailleurs, il serait déçu si elle ne tentait pas de lui glisser entre les doigts.
« Doflamingo…
— Ame ni stamifulo neo, Eien.
À ces mots, écarquillant les yeux, choquée autant par les mots énoncés que par le fait qu’il puisse user avec autant d’aisance de sa langue natale, elle secoua la tête de droite et de gauche.
— Non… Je… Ce n’est pas…
À ces mots de vaine protestation, Doflamingo se fendit d’un large sourire avant de se détourner, l’ignorant totalement. D’un pas leste, il mangea la distance le séparant d’un bureau qu’elle n’avait jusqu’à présent point remarqué.
Le suivant du regard, terrifié à l’idée de ce qu’il se déroulerait ensuite, après tout, il n’en avait jamais fait mystère, elle demeura sur ses gardes. Et alors qu’il lui donnait le dos, ne se souciant point de sa personne, Victoria jeta un rapide coup d’œil vers la sortie. Reculant doucement d’un pas, puis d’un autre, elle amenuisait la distance la séparant de son unique chance de salut.
— Toute tentative de fuite te sera inutile. »
Inutile ?! Il n’en savait rien ! Et d’ailleurs, elle non plus ! Sans plus attendre, elle se rua sur le battant clos et tenta d’en actionner la poignée qui refusa malgré tout de céder sous ses actions répétées. Comprenant dès lors combien il avait raison, les larmes mouillèrent ses longs cils noirs, traçant des sillons tortueux sur son ravissant visage. N’y tenant plus, elle frappa la porte fermée de ses poings, alors que dans son dos, bien trop amusé par la situation, s’en délectant même, le shichibukaï éclatait de son rire funeste.

Au même moment, dans le Polar Tang, l’humeur n’était point joyeuse, bien au contraire. Après tout, ils avaient perdu, non seulement la seule personne capable de mitonner de bons petits plats, mais aussi une amie précieuse. Le pire, c’était qu’ils se sentaient coupables de n’avoir pas pu la protéger.
Assis à la table du réfectoire, les Hearts, les mines sombres et tristes, se lamentaient, refusant pourtant encore d’admettre la véracité de la situation. Ils s’attendaient encore, à tout instant, à voir la jeune fille passer la porte, et les rassurer, une fois de plus de son magnifique sourire. Et néanmoins… malheureusement… rien ne se produisit… tout demeura silencieux…
« Putain !! cria subitement Penguin en abattant brutalement le poing sur la table faisant sursauter tout le monde. Pourquoi suis-je aussi faible ?! J’aurais pu la sauver !
Posant une main consolatrice sur l’épaule de son meilleur ami, Shachi soupira et secoua la tête. Cela ne servait à rien de se lamenter sur le passé, et les regrets, ils en auraient des tonnes.
— Aucun d’entre nous n’est assez fort pour tenir tête à Doflamingo…, souffla Shachi comme pour mieux le réconforter. Même le capitaine n’a rien pu faire.
À la mention du capitaine, un nouveau silence se fit. Il fallait avouer que le chirurgien de la mort était certainement la personne qui souffrait le plus à l’heure actuelle. Après tout, il était celui ayant privé la jeune fille de ses capacités, lui ôtant donc la possibilité de se défendre face à ce sombre individu.
— Le capitaine est assurément le plus affecté d’entre nous, fit Louis en posant une main sur la table. Il doit passer un sale moment. »
Puis, sans attendre, le vieux mécanicien déplia sa silhouette et marcha vers la sortie en annonçant qu’il allait vérifier les machines afin de se tenir prêt à agir dès que le capitaine en donnerait l’ordre. Après tout, c’était la meilleure attitude à adopter plutôt que de se morfondre.
Et suivant des yeux la silhouette de Louis, un à un, les Hearts se levèrent, se joignant ainsi à l’attitude du vieil homme. Ils n’abandonneraient pas l’une des leurs et tant que le capitaine voudrait la sauver, la reprendre au flamant, l’espoir serait permis. Alors refoulant leur chagrin, ils se mirent tous au travail, s’occupant dès lors l’esprit pour ne pas se laisser abattre plus que nécessaire.

Dans sa cabine, Trafalgar enrageait. Bordel qu’il se détestait en cet instant pour son erreur de jugement ! S’il n’avait pas été si déterminé à la préserver, elle serait sans nul doute encore là avec eux. Le pire restait assurément le fait qu’elle se trouvait, à l’heure actuelle, entre les mains de Joker. Et tout portait à croire qu’il n’hésiterait pas une seule seconde à s’approprier ce qu’il voulait depuis le commencement.
Remontant vivement la manche de son pull, il avisa du tatouage marquant sa chair — preuve irréfutable qu’il était lié à la jeune fille. Là… Ils étaient encore liés… mais voilà, il n’était pas assez stupide pour oser croire, une seule seconde, que Doflamingo ne soumette pas l’adolescente à son bon vouloir. Non, il la convoitait depuis tellement de temps, s’était vu voler l’objet de ses désirs, subtilisé sous son nez, alors, il ne perdrait assurément pas une seule seconde pour briser le lien existant.
À cette pensée, son corps tout entier se révolta, se rappelant sans peine les paroles de la brune. N’étant pas un D, le seul moyen d’établir ce lien entre eux était un viol, et le connaissant, il ne faisait aucun doute qu’il n’hésiterait pas. D’ailleurs, à n’en pas douter, il y prendrait un plaisir évident. Après tout, faire souffrir ses victimes était ce qu’il affectionnait le plus.
« Merde ! grogna le ténébreux en frappant son bureau du poing. Pourquoi ai-je été si négligent ?
Le pire dans pareille situation restait assurément le fait que Doflamingo avait depuis bien longtemps quitté cette partie des mers pour regagner le Nouveau Monde où il résidait, emmenant la jeune fille avec lui. Si seulement, il n’avait pas scellé ses pouvoirs… Se prenant la tête entre les mains, réfléchissant, cherchant une alternative, il se redressa finalement après plusieurs minutes avant de quitter d’un pas vif ses quartiers. Traversant les couloirs du sous-marin, déterminé et sombre, il rejoignit le réfectoire où il convoqua son équipage au grand complet. Sans détour, il exposa la situation, ne se voilant point la face.
— Victoria est aux mains de Doflamingo. Il n’y a rien que nous puissions faire pour l’heure. Foncer tête première face à un adversaire semblable est tout bonnement suicidaire.
— Oui, mais capitaine…, intervint alors Shachi, ça veut dire que vous allez l’abandonner.
Le visage fermé et indéchiffrable, Trafalgar promena ses prunelles cendrées sur ses hommes et répliqua avec un détachement qui effara tout le monde :
— Il n’y a rien, à l’heure actuelle, que nous puissions faire pour la sauver. Nous allons poursuivre notre route et aller dans le Nouveau Monde. Néanmoins, il est hors de question de l’affronter de face, bien trop risqué.
— Oui, mais capitaine, il va lui faire du mal n’est-ce pas ? fit doucement Bepo, rongé d’inquiétude.
Un lourd silence s’ensuivit durant lequel on aurait pu entendre une mouche volée. Silence que le brun rompit finalement en soupirant, confiant d’une voix neutre :
— Nous parlons de Doflamingo, il ne va donc pas se montrer patient. Il va la violer pour la défaire de moi et s’approprier le lien. Mais, même ainsi, je mettrai tout en œuvre pour la ramener, car elle reste une Heart. »
Oui, c’était ainsi. Victoria ne pourrait guère échapper au sort que lui réservait le démon blond, mais au moins, elle avait des amis qui feraient tout pour l’arracher à son bourreau. Et ce fut sur ces dernières paroles que Law quitta la pièce non sans ordonner de lever l’ancre sans tarder et de mettre le cap sur la prochaine île.

Face à la brune, Doflamingo dont le sourire s’était élargi esquissa un mouvement dans sa direction. Aussitôt, l’adolescente bondit sur le côté se ruant vers les baies vitrées donnant sur le balcon.
Seulement, jamais elle ne les atteignit, car d’un seul mouvement, usant de son pouvoir des fils, il la réduisit à l’immobilité. Luttant désespérément contre cette force invisible, la brune tentait de fuir, tandis que Doflamingo s’avançait d’un pas calme et nonchalant de sa proie. S’immobilisant devant cette dernière, s’amusant des efforts vains qu’elle faisait pour lui échapper, il souleva son visage d’un index sous le menton. Leurs yeux se rencontrèrent pendant une fraction de seconde. La haine animait les prunelles émeraude, alors qu’une expression amusée se peignait sur le visage masculin.
« Je vais effacer ce lien, commença-t-il d’un ton neutre, graver dans ta chair le nom de la personne à qui tu appartiens et…
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