Chapitre 4 : Appel au secours

Paniqué, Aslan l'interrogea sans détour. Ne résidant pas ici avec elle, et ayant gardé le petit Liam avec qui les liens étaient très forts, il fut horrifié par cette révélation. S'approchant rapidement, il la saisit par les épaules, l'obligeant à lui faire face et s'enquit, angoissé :
"Ça va, Minako ? Il ne t'a rien fait de mal ? Il ne t'a pas... tu sais...
Elle secoua la tête négativement tandis que le marine ajoutait comme pour mieux dénigrer la jeune femme aux yeux de tous :
– Même s'il l'aurait sans doute malmenée en temps ordinaire, il en était totalement incapable, puisqu'il était vraisemblablement blessé.
Aslan sonda les prunelles vertes de son adorable patronne, tentant d'y trouver une réponse à ses interrogations, en vain. Ce fut l'un des soldats ayant fouillé la maison qui revint à vive allure, un objet entre les mains. Reconnaissant le pull jaune du chirurgien de la mort, ensanglanté, l'officier, le regard dur, ordonna qu'on mène la jeune femme en détention afin de pouvoir l'interroger au plus vite.
Aslan se rua à la suite du marine, le suppliant de ne point l'emmener. Minako n'était pas une criminelle, il devait assurément y avoir une bonne explication.
– S'il vous plaît, laissez-là, je suis sûr que ce pirate la forcée à obtempérer.
– Peu importe. Elle est complice. Cet homme est l'un des plus recherchés actuellement, et il nous a échappé, car elle lui a porté assistance. C'est un crime passible de mort.
Passible de mort ? À ces mots, Liam, demeuré jusque-là silencieux, s'élança vers le soldat voulant lui arracher sa mère. Agrippant son pantalon de ses petits doigts poisseux, il le supplia de laisser sa génitrice tranquille. Mais, refusant d'entendre et d'écouter, le haut gradé aux yeux de fouine, repoussa sans douceur l'enfant qui alla manger le sol. Vivement, le gamin se redressa le regard mauvais.
– Qu'est-ce que c'est que ce regard, morveux ? s'enquit le marine en levant prestement la main, prêt à le frapper.
Ce fut Aslan qui sentant que la situation risquait de dégénérer, calma les choses. Prenant Liam dans ses bras, il se contenta de dire en regardant la jeune femme :
– Je veillerai sur Liam, en attendant ton retour."
Hochant doucement la tête, un sourire rassurant au bord des lèvres, retenant ses pleurs menaçants de couleur à chaque instant, elle suivit les représentants de la loi. Mais hors de question, oui hors de question qu'elle laisse son enfant voir son chagrin...
Et tandis que la porte de la boutique se refermait sur les marines traînant leur prisonnière derrière eux telle une criminelle de renom, Liam se mit à pleurer, s'accusant à chaudes larmes de la situation. Après tout, s'il n'avait rien rapporté aux représentants du gouvernement, sa maman serait encore avec lui... Et à cela, Aslan, dépité ne sut que répondre pour le rassurer.

Appuyé contre le mur d'une petite ruelle, profitant de la pénombre pour ne pas être repéré, le ténébreux observait l'agitation autour de la maison où il avait passé la nuit.
Comme il le présageait, les soldats n'avaient pas tardé de comprendre ce qu'il s'était produit. Voyant ces derniers enchaîner la rousse et la traîner derrière eux, il soupira. Culpabilisant quelque peu, certain que sans lui, la jeune femme mènerait encore une existence paisible, il tourna les talons et s'éloigna. Le temps lui était compté, il devait rejoindre ses nakamas de l'autre côté de l'île et les mains vides, n'ayant pas trouvé ce qu'il cherchait. D'ailleurs, pourquoi était-il resté ? Cela ne lui ressemblait nullement.
Toutefois, avant de quitter définitivement ce village, il lui fallait des vivres. Emmitouflé dans son manteau noir qu'il avait récupéré dans la grange qu'il occupait la veille à l'insu de son propriétaire, il jeta son sac à dos sur l'épaule et atteignait la sortie lorsque tout à coup, une voix vaguement familière l'interpella. Plissant les yeux, il coula un rapide coup d'œil par-dessus son épaule pour découvrir, le petit garçon aux cheveux dorés, à quelques pas derrière lui.
Avisant du dénommé Liam, la surprise le gagna se demandant déjà ce que ce gamin insupportable pouvait bien lui vouloir. Sans doute, le défier en duel ? songea-t-il un rictus sadique au bord des lèvres.
"Qu'est-ce que tu me veux, sale mioche ?
N'attendant pas que le fils de Minako ait le temps de formuler une réponse, Trafalgar se téléporta juste sous le nez de l'enfant qui, pris totalement au dépourvu, tomba en arrière amenant un sourire en coin sur le visage du pirate. Mais, voyant ce criminel s'amuser de sa crainte, il se redressa vivement, le regard plus furieux que jamais. Or, même si ses jambes jouaient des castagnettes devant cet homme dont la cruauté n'était pas un mystère, oubliant volontairement sa promesse à sa génitrice et prenant son courage à deux mains, il lâcha :
– Sauvez maman !
Plissant les yeux, étudiant le visage de Liam, cherchant à deviner s'il s'agissait là d'un piège visant à le capturer, Law hésitait. Sans compter, il fallait bien l'avouer qu'il n'était pas du genre bon samaritain. Oh que non ! Et si d'aventure, sa mère était exécutée, cela ne le concernait en rien. La vie était cruelle, et Liam devait le comprendre tôt ou tard.
Dépassant le petit garçon et sortant dans le froid hivernal, il sentit deux mains minuscules se refermer sur son épais imperméable et le retenir. Sanglotant sans aucune honte, Liam supplia le pirate de l'aider. Il admettait sans mal sa faiblesse et jura qu'il deviendrait fort afin de la protéger.
– Elle vous... a... sau... vé..., pleurnichait-il de nouveau, le visage, inondé de larmes et le nez coulant de morve, collé au manteau du ténébreux.
Le repoussant une fois de plus et sans douceur, ayant en horreur les morveux de son espèce, il lui rappela qu'ils étaient quittes. Ne les avait-il point épargnés ? Hélas, loin d'accepter cette excuse, Liam persista encore et encore jusqu'à ce qu'agacé, le chirurgien de la mort, usant de sa Room ne se téléporte à plusieurs mètres de là, quittant de ce fait l'abri que lui offrait la ruelle. Et alors que ses pieds s'enfonçaient dans la neige, il entendit Liam crier avec mépris et colère :
– Tu es un lâche sans cœur, Trafalgar Law !!!"
Imperturbable, sans se retourner, le ténébreux poursuivit son chemin. Pourquoi se laisserait-il attendrir par les larmes d'un enfant et ses suppliques ? Il n'était en rien responsable de la situation. Quoique... S'il se montrait honnête, il devait bien avouer que s'il n'était pas entré dans sa vie cette nuit-là, elle ne serait pas dans une cellule de la marine en cet instant.
Le regard sombre, déterminé, refoulant dans un coin de sa tête la jeune femme et son fils, le pirate poursuivit sa route vers la côte où ses nakamas l'attendaient à bord du Polar Tang.

Allongée sur un lit de taille exagérément petite et au matelas dur, fait de paille, et dépourvu de couverture, Minako frissonna en sentant la caresse du vent glacial, s'engouffrant par les barreaux de la fenêtre, sur la peau dénudée de ses membres supérieurs. Se recroquevillant sur elle-même, passant ses bras autour de son corps, elle chercha à se réchauffer tant bien que mal. Ses pensées allaient à son fils, et malgré qu'Aslan veillait sur le garçonnet, elle angoissait. Il lui manquait tellement et ce serait la première fois depuis sa naissance qu'elle ne le borderait pas. Les yeux la brûlant, menaçant de laisser les larmes couler de nouveau, elle frissonna une fois de plus lorsqu'apparaissant tel un fantôme devant elle, Trafalgar, sabre sur l'épaule, lui saisit le poignet et le serrant avec force la contraignit à se lever. Elle ouvrit la bouche, prête à protester alors que dans un battement de cils, elle se retrouva à l'extérieur, au beau milieu de la rue.
Regardant autour d'elle, sidérée, elle tenta alors de se défaire des dactyles tatoués, refusant toutefois de la libérer. Fronçant les sourcils face à la poigne masculine, elle lui enjoignit froidement de la lâcher, ce qu'il ne fit pas. Agacée de se voir ainsi malmenée par ce pirate, elle se débattit avec rage, allant jusqu'à lever la main pour le gifler.
Bloquant cette dernière, lui broyant les doigts entre les siens, la faisant gémir de douleur, il la gratifia d'un regard incendiaire avant de la traîner à sa suite. Cependant, la rouquine ne l'entendait pas de cette oreille et freinant des quatre fers, elle protesta. Elle refusait de le suivre, aggravant par sa fuite, en compagnie de ce criminel de surcroît, son cas. Nul doute que cette fois, la peine de mort en serait l'issue.
Exaspéré par la résistance de la jeune femme, il la poussa sans ménagement contre le mur, et abattit la main à la droite de son visage, provoquant un sursaut de peur et de surprise de la part de Minako. Là, prenant son menton entre ses doigts et le serrant durement, il la força à lever la tête vers lui et le regarder. Rivant ses prunelles argentées à celles de la rouquine, il assena avec aigreur :
"Tu te calmes, ou je t'égorge ici même !"
Le ton impérieux agrémenté par le regard glacial du pirate eut raison de ses protestations de la mère de famille qui cessa aussitôt de lutter. La voyant bien plus coopérative, le grand ténébreux s'écarta et sans la libérer la mena au travers des sombres ruelles, jusqu'à ce que l'alarme de la base ne se fasse entendre.
Claquant de la langue, quelque peu agacé de constater que les marines s'étaient révélés bien plus rapides à découvrir l'évasion de la jeune femme. Il allait falloir faire attention et se dépêcher s'il souhaitait déguerpir au plus vite, et sans se faire repérer qui plus est.
S'engageant dans une petite rue étroite, ils bousculèrent des couples enlacés dont les gémissements retournèrent l'estomac de la boulangère qui détournant les yeux préféra regarder ailleurs.
Ce ne fut qu'en parvenant dans l'avenue principale qu'elle réalisa qu'ils se trouvaient dans le quartier dit « chaud » du village. Les prostituées pullulaient dans les rues, s'affichant même, sans gêne aucune, les seins à l'air à l'entrée des bordels où elles travaillaient, afin d'attirer les clients, et cela en dépit du froid environnant. À la vue de ce spectacle, rougissante jusqu'à la racine des cheveux, se rappelant bien malgré elle des moments douloureux de son existence passée.
Raffermissant sa prise sur la main de la jeune femme, le pirate se faufila au milieu de la foule abondante. Sa progression était moins rapide que ce qu'il voulait et se vit totalement bloquée lorsqu'une sculpturale brune vint l'aborder, se pendant littéralement à son cou sans même remarquer la présence de la rouquine derrière lui.
"Oh, beau ténébreux, envie de passer un moment torride avec moi ?"
Estomaquée par l'assurance de la belle-de-nuit, Minako battit des paupières. L'aplomb de sa requête démontrait si nécessaire qu'elle ne songeait pas une seule seconde qu'il puisse lui opposer un quelconque refus. Mais, lorsqu'il la repoussa sans ménagement, il la foudroya de son regard cendré et tirant Minako à lui, il lâcha, un rictus étrange aux lèvres qu'il avait déjà tout ce dont il avait besoin.
Médusé, peinant à croire qu'on pouvait ainsi la rejeter, la prostituée porta son attention sur la rouquine s'étant écrasé le nez dans le torse masculin. Sans peine, identifiant la boulangère, elle grimaça un sourire. Minako ? Ce pirate s'imaginait réellement pouvoir se taper celle qu'Aslan courtisait depuis des mois pour ne pas dire année sans jamais parvenir à la glisser dans son lit ?
Le pauvre homme dépité courrait donc les bordels afin d'apaiser ses besoins lubriques, priant intérieurement, pour que dans cette petite bourgade, elle ne l'apprenne jamais. Enfin, cela était les confidences lui ayant été faites sur l'oreiller un bon nombre de fois. Alors, si d'aventure ce hors-la-loi se la fourrait, Aslan en mourrait de jalousie.
Ne pipant mot, se bornant à fixer Minako qui tentait de s'écarter de deux mains posées sur le torse, la prostituée eut un sourire en coin avant de souligner le désaccord de la concernée. Détail ne chagrinant point le chirurgien qui bien loin de fournir de l'eau à son moulin se contenta de la dépasser et de reprendre son chemin.
Ajouter un commentaire
Commentaires